Pro-vocation

Pro-vocation

De Deo nihil scimus

Le classique “De Dieu, nous ne savons rien” me permet de dire :

  • que “je ne crois pas en Dieu”, dans ce “Dieu de mes pères” que nous avons reçu.
  • que ce “un, deux, trois” du Dieu trinitaire est un produit “à abandonner”. A quoi rime la Très Sainte Trinité au Tchad ?
  • que dans la bible entière, il n’y a pas la moindre “Parole de Dieu”
  • que l’“histoire du salut” est un bon montage cinématographique…
  • que le “Dieu incarné” est un bon exemple “d’inculturation” dans le paganisme grec…
  • que le “fils d’une mère vierge” est un conte ancien que l’Église s’est appropriée au point qu’elle ne laisse même pas faire de film sur le sujet……
  • que le Abba de la prière de Jésus est la recherche desespérée d’un père de la part du fils d’une mère célibataire…
  • que le cri sur la croix (cet ultime recours à Dieu de la part de Jesús, ne devrait-il pas être aussi l’ultime pour nous tous ?) est la prise de conscience de l’echec de sa quête et de la perte de son Pari…
  • qu’au troisième jour, il n’y eut aucun Dieu pour sortir le corps de Jésus de la fosse communne…

Miquel Sunyol s.j.

Cet encadré sortait - d’où certains aspects typographiques - dans l’une des pages de mon opuscule “Sous pretexte d’une enquête”, dont la publication “par fascicules” s’achève aujourd’hui. Ce sont tous ces chapitres qui, depuis le mois de novembre sont mis à jour dans le répertoire intitulé “la spécialité du mois”.

Souviens-toi que cet opuscule est une compilation de “Pièces” de ma correspondance avec d’autres jésuites et l’idée de les réunir naquit dans un rassemblement des jésuites de la Mission Ouvrière. Ce nom, vers le milieu des années 60 désignait un groupe de jésuites qui s’étaient établis dans le travail manuel. Aujourd’hui, ce nom de Mission Ouvrière, dont la disparition est déjà annoncée, on ne sait pas bien combien de jésuites elle accueille”

Profitant qu’un “386″ (maintenant, j’ai un Pentium et une Canon BJ-200 te transforment en un puissant editeur, j’éditai l’ “opuscule”, pour le diffuser parmi des amis et des amies. Je fis une diffusion par courrier (je ne crois pas que cela dépassa les vingt exemplaires) en manière de remerciement à tous ceux qui, au cours des années - et chacun d’eux à sa façon et selon son temps- m’avait accompagné dans mon itinéraire spirituel.

Correspondances

Beaucoup d’entre eux eurent l’amabilité de se fendre d’un ou deux paragraphes. Tous ces commentaires (les bons et les mauvais) sont ce que je publiai dans mon premier site théologico-spirituel, celui du mois d’octobre, sous le titre L’han llegit i han dit… (ils l’ont lu, ils ont dit) .

En janvier 98 sortit le Boletín MO (Bulletin Mission Ouvrière - nº 49) avec la publication de toutes les contributions que nous avions données durant le Rassemblement. Toutes, sauf l’”encadré”, que certain -tendrement- avait accusé de ” provocation “.

Ma première réaction fut de penser à la ” censure “. Mais tout était dû, selon qu’on me l’assura, à un caprice de l’ordinateur. J’eus, cependant, le souci que l’ordinateur veuille réparer son erreur et que “l’encadré” soit publié dans le número suivant du Boletín MO. . D’un commun accord, ne parut pas très opportune la publication ” à sec” de l’encadré, et j’adressai un fragment de l’une de mes lettres à l’un de mes amis de Bolivie. Lui, m’avait fait quelques commentaires sur cet “encadré”.

Le commentaire de mon ami

Bref commentaire de l’encadré “De Deo nihil scimus”

couverture de Honest To God de Robinson

Si je ne sais rien de Dieu, je peux croire dans le “Dieu de mes pères”, rien ne m’en empêche. Il n¹y a aucun “savoir” ni par honnêteté vis à vis de moi-même ni vis à vis de Dieu (tu parles du Honest to God de Robinson, que que j’ai lu sur ta recommandation) de croire en ce Dieu.

On peut en dire autant de la Trinité. De Dieu, je ne sais rien, alors, pourquoi ne peut-elle pas être Père, Fils et Esprit ? Ces derniers jours, j¹étais à Oruro et Bernard Gantier m’a montré une petite jarre à trois orifices qu’il avait trouvé . Il me disait : “il y a une ancienne culture qui représente Dieu ainsi, parce qu¹ils avaient idée que Dieu est un et trois”. A propos, dans cette ferme, près de La Panadella, où vivent mes amis et où, si je me souviens bien, nous nous sommes arrêtés, il y avait aussi une cruche à trois becs. Je ne crois pas que ce fut une quelconque référence à la Trinité.

Je ne veux pas poursuivre sur les sept autres affirmations. Si nous ne savons rien de Dieu, Je crois que ce que tu dis peut être aussi faux que son contraire. Roig Gironella te dirait qu’il s’agit d’un autre niveau épistémologique…En ce qui concerne la prière : Samedi dernier, en soirée, je suis allé avec une volontaire dans une communauté pour dire une messe pour demander la pluie. On voyait de gros nuages noirs et elle m’a dit : “il y a des nuages, il va pleuvoir”.

Je lui répondis : “mais le vent vient du Nord. il va emporter les nuages”. Nous avons dit la messe, nous avons demandé de l’eau, en procession avec l’image de la Vierge du Rosaire, le soleil a disparu. Dans la nuit, il a beaucoup plu.

Tout le monde était très content. Ils avaient fait ce qu¹il fallait faire : demander une messe, faire des rogations. J’avais fait ce qu’ils voulaient. Il a plu. Je t’assure que, dans l¹homélie, je me suis vu théologiquement en difficulté ( Il y a des années qu¹on nous a appris que Dieu n¹est pas un “bouche-trou”)“Post hoc, non necesse propter hoc”

Ce que je lui commentai…

Il ne m’étais pas venu à l¹esprit de ne pas commenter ton commentaire à mon “encadré”, mais je pensais le faire à tête reposée.
Cet “encadré” est dans le style de El PERIODICO, mais ce n’est pas de là d’où il tire sa véracité. Cette véracité est dans l’abîme qu’il y a entre ce que les prêtres “savent” et ce qu’ils veulent transmettre à leurs fidèles, même ceux qui sont en “communauté chrétiennes de base”.

Regarde ce que dit John Shelby Spong

C’est le thème d’un roman de Miguel de Unamuno, que tu as probablement lu, et peut-être te l’ai-je recommandé, Saint Manuel, Saint et Martyr.

couverture du livre de UnamunoC’est un de ces livres que non seulement je recommande mais j’offre et que je laisse, parfois sans retour et sans savoir en quelles mains il tombera. Je le dis parce que maintenant je ne le trouve plus dans mes étagères de livres.

Si je me souviens bien ( je commence à mieux me souvenir de ce qui s’est passé autrefois que récemment) Eugen Drewermann (auteur dont je peux te recommander le Dieu immédiat) finit par dire que, par compassion envers les “petits” nous continuerons de fabriquer des athées (des gens qui ne peuvent croire en ce que nous continuons de dire)..

L’encadré n’ajoute rien au texte du cahier, dans lequel il ressort que Jésus, pour moi, n’est pas l’unique solution, ni la récapitulation de toute chose, ni l’exclusive ni définitive manifestation de Dieu, ni le “Fils de Dieu”… Il ressort également clairement dans le texte que nos affirmations dogmatiques ne me gênent pas chaque fois que elles ne veulent pas se poser en contradiction avec d’autres.

Ce qui veut dire que je suis d’accord avec toi : Si “de Deo nihil scimus”, nous pouvons dire qu’il est Père, fils et Esprit Saint… ça ne me gène pas que tu le dises et je ne me sens pas obligé à ne jamais le dire, mais qu’on ne prétendent pas m’obliger à enseigner aux autres que c’est l’unique définition de Dieu. Toi et moi, savons (je suppose que les autres aussi) que le “Dieu Trinitaire” (une seule essence, deux natures, trois personnes) a été la meilleure formule “consensuelle” que des chrétiens -dans une culture et à une époque donnée, pour exprimer -convoqués par l’empereur- cela; toi et moi nous le savons grâce à “la sale histoire d’Ephèse” que, comme de bons élèves, nous l’avons entendu de González Faus.

Et, je suppose que nous continuerons d’être d’accord, quand nous allons au Tchad ou en Bolivie, nous ne sommes tenus en aucune manière, à suivre le consensus impérial, et on ferait bien mieux de chercher un autre “consensus”, puisque ni les conditions politiques, ni les conditions culturelles, ni les conditions particulières sont les mêmes. Et il est possible qu’en cherchant un nouveau consensus nous trouvions une “jarre à trois becs”.

Il me coûte- chacun a sa sensibilité- de trancher sur le premier point, celui du “Dieu de mes pères”

C’est pourquoi tu comprendras qu’il me coûte un peu de croire qu’il aurait appris la leçon que quelques théologiens lui ont enseignée à savoir qu’il est le “Dieu des pauvres” et qu’il a une option pour vos pauvres. Si nous, hommes, qui ne sommes pas immuables et qui ne vivons que quelques années, peinons à faire ce changement dans notre vie quand nous parvenons à certain âge, crois-tu pas que ce serait trop lui demander, à lui qui est immuable et éternel, qu’en si peu de temps, il effectue des changements si radicaux ?

Restons en là pour aujourd’hui mais nous poursuivrons. Tu devrais m’expliquer un peu mieux la parole scholastique : “Post hoc, non necesse propter hoc”.

Miquel Sunyol s.j.

S’informer

L’auteur

C’est un jésuite catalan exerçant son ministère dans la Mission Ouvrière à Tarragona (Catalunya - Espagne), recensé sur le site Esglesia.org

Le texte

L’original se trouve sur son site :I si parléssim de Déu i de les seves coses…?. L’indication bibliographique, pour décrire son texte, que donne Miquel Sunyol s.j. (Societatis Jesu) est la suivante :quelques exemples de ce que les curés et théologiens savent et ne veulent pas communiquer à leurs ouailles… Vers une compréhension chrétienne non-théiste de Dieu”. Il ajoute qu’il sera très heureux qu’on reproduise son texte en tout ou en partie même si on n’en indique pas la provenance. Aussi, le Pharisien Libéré a décidé de l’inviter. C’était en 2002

L’hispanitude

Et encore…

Le Concile d’Ephèse La vision trinitaire de la réalité n’est rien moins qu’un invariant culturel. On la trouve pratiquement dans toutes les traditions de l’humanité. Seuls, un certain élitisme et une conception autosuffisante de la Trinité chrétienne a propagé l’idée du monopole chrétien sur la Trinité.

Raimon Panikkar Dieu dans les religions - V CONGRÈS DE THÉOLOGIE de Madrid, septembre 85

Maintenant, on dit que le christianisme n’est rien de plus que la forme religieuse sous laquelle le judaïsme parvint à survivre dans le monde culturel hellenisé du bassin méditerranéen. Cette Trinité “était le mérite de Paul…” Ce serait l’expression finale du processus initié par Paul “la paganisation”

“La paganisation”, quoique le mot sonne mal à nos oreilles, ne passe pas pour être une mauvaise chose. De nos jours nous le traduirions par “l’inculturation” : dans cette mission tactique, l’effort d’adapter à la conception religieuse du monde Greco-Romain, qui comme le disait - avec un peu retard, peut-être ?– Vatican II, révélait une étincelle de vérité…..

Fragment d’une lettre de Miquel Sunyol à Antonio de Petare (Caracas) paru dans Boletìn de Misìon Obrera Num 38. Nov. 1991

Etude Historico-Critique de la Bible

La première tâche consistait à découvrir les réalités historiques concrètes, sous-jacentes dans l’histoire biblique. Cette recherche de la vérité s’est appelée Etude Historico-Critique Biblique. Née dans l’Allemagne du XIXème siècle, elle a produit l’alternative protestante libérale au litteralisme.

Elle se maintint dans l’enclave particulière de la pensée universitaire chrétienne et on a considéré contre-productif de la partager avec “les gens simples”, parce qu’elle soulève de nombreuses questions auxquelles l’église ne peut répondre. De cette façon, que les autorités ecclésiastiques ont voulu protéger les fidèles simples de concepts qu’ils ne sont pas préparés à comprendre. De ce fait, et pour la première fois, le fossé se creusa de plus en plus entre les chrétiens érudits et les personnes ordinaires.

On forme le clergé dans la mentalité théologique comportant cette nouvelle voie de lire et comprendre la bible et ces nouvelles théories concernant la façon dont la bible a été écrite et les nouvelles méthodes pour interpréter les relations au surnaturel. Mais on exhorte ce même clergé à ne pas utiliser ses connaissances eu moment de parler en chaire à ses communautés de fidèles. Pire, on lui recommande de continuer à lui raconter les vieilles histoires, en ajoutant seulement, ici et là, un accent légèrement plus moderne. “John Shelby Spong La résurrection. Mythe ou réalité ?

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