Sur les traces de Jésus

Compte rendu de vision de la série de Bragart et Waeklin, évoquée dans “la TV de Noël”

Récits d’enfance

Bethlehem

Selon James Charlesworth, Jésus n’est pas né à Bethlehem mais cette croyance s’est affirmée à compter du 2ème siècle. Elle enracine Jésus dans la lignée davidique.

Joe Zias, archéologue, explique que Bethlehem était une ville de 1000 habitants. Il explique que les fouilles ont commencé sur ce site à partir d’un tableau peint il y a deux cents ans qui montrait la ville avant la modernisation. Le film fut tourné en 2002. Le tableau fut peint vers 1802 et montre une ville formée de regroupements en hameaux dispersés sur une colline. Les espaces alors vides sont les lieux où l’on avait des chances de retrouver des sites du 1er siècle.

Il montre la structure des maisons. Les murs de pierre délimitent de vastes espaces au sol. Le toit est une terrasse végétalisée. A l’intérieur, le rez de chaussée présente des niches voûtées pour loger les animaux. A l’étage, l’espace au dessus des voûtes est destiné à l’habitation humaine avec un coin cuisine marqué par le foyer. Cette chambre du haut est une mezzanine autour de la pièce. Les animaux fournissent le chauffage central l’hiver.

Etable

Jésus est-il né dans une étable ?

Claire Peann fait un sort au récit misérabiliste qui nous représente Joseph frappant d’hôtel en auberge sans trouver de quoi loger sa femme au bord d’accoucher.

D’une part, les villes n’étaient pas équipées de chaînes hôtelières pour le tourisme. D’autre part, si l’on tient pour bon le récit de Luc au chapitre 2 et, par là, que Jésus aurait pu naître à Bethlehem, le texte dit que c’est la ville de ses ancêtres. Il se trouve donc forcément soit des parents, soient des beaux-parents ou des oncles et tantes pour les héberger dont les femmes assisteront la parturiente. En ce temps-là, l’accouchement est la pire aventure qui puisse arriver à une femme et il est nécessaire qu’elle soit entourée pour limiter les dégâts.

Elle fait observer que le mot grec “kataluma” que nous traduisons usuellement par “auberge” signifie aussi la “chambre du haut”. Cette expression renvoie à la structure des maisons décrite ci-dessus par Joe Zias. Si Jésus est né dans une mangeoire, c’est parce qu’il n’y avait plus de place dans al chambre du haut.

L’étoile de Bethlehem

Michael R. Molnar expose de nouvelles conjectures sur l’étoile de Bethlehem.

L’astrologie et l’astronomie étaient deux disciplines confondues en ce temps-là. On a longtemps cru que les juifs du premier siècle ne s’intéressaient pas à l’astronomie. Pourtant Hérode avait créé une école d’astrologues pour l’observation de Jupiter censée annoncer la naissance et la mort des rois. On observait aussi la constellation du Berger supposée refléter les évènements du royaume d’Hérode.

De nos jours, on confronte transversalement aux bassins de civilisation les connaissances astronomique des anciens telles qu’elles sont traditionnellement répertoriées. De cette façon, on a repéré une triple conjonction dans la constellation du Bélier, signalée dans la chronologie des Han.
Michael R. Molnar fait remarquer que toutes les situations stellaires de n’importe quelle époque peuvent être calculées et représentées par des moyens informatiques. Il rappelle que Denys le Petit, auteur de la base de la chronologie occidentale s’est trompé de quelques années. Il s’amuse du fait que cette chronologie passe de l’année -1 à l’année +1 sans passer par le zéro, cette anomalie tenant au fait que le zéro du calcul est inconnu au moment où Denys travaille.
Michael R. Molnar explique que Jupiter entre dans la constellation et -4. Une éclipse de lune fait apparaître Jupiter dans le soleil et la planète ressemble alors à une étoile. Les astrologues du temps pensaient que cet état de l’étoile annonçait la naissance des rois.
Ce phénomène se produit le 17 avril -6. Cette date printanière convient bien avec le récit de bergers faisant gambader la nuit les troupeaux dans la campagne.

François Bovon attire l’attention des téléspectateurs sur la divergence entre les récits de Luc et de Matthieu sur cette question. Quoiqu’ils soient les 2 seuls qui éprouvent le besoin d’écrire des récits d’enfance, il serait inopportun de les lire en diatessaron, c’est à dire en compilant les 2 récits pour compléter par l’un ce qui semble manquer à l’autre.
Il place cette écriture tardive de récits d’enfance dans le cadre des polémiques : la naissance d’un enfant sans père était socialement problématique. Il considère que ce récit prend tout son sens dans un contexte apologétique sans qu’il soit besoin de l’appuyer sur des observations astronomiques. Pour attester que Jésus est le Messie, il importe que sa naissance soit signalée par une étoile comme indiqué au chapitre 24 de Nombres.

“Tous les moyens sont bons pour défendre cette position” conclut-il.

Les mages

Les mages étaient-ils des astrologues de Perse ou de Babylonie ?

A partir des cadeaux qu’ils apportent, James Charlesworth en déduit leur parcours ; il émet des hypothèses sur leur nationalité.

La myrrhe et l’encens étaient des produits rares et chers au 1er siècle. Ils venaient d’Arabie. Les mages venaient-ils d’Arabie ? S’ils venaient de Babylonie, ces produits peuvent être achetés en cours de route à Pétra, où les nabbatéens avaient le monopole de ce commerce.

François Bovon et James Charlesworth soulignent que, sauf sur les aspects de géographie économique, tout ce qui parle des mages est pure spéculation. Rien de concret ne confirme leur visite. Ils peuvent tout aussi bien être des figures de l’universelle humanité.

Marie

Claire Peann et Marc Goodacre interviennent, chacun son tour, sur la conception virginale.

La situation des jeunes filles qui tombaient enceintes hors mariage était tragique : elles étaient lapidées. Claire Peann signale que la situation est similaire à celle rencontrée “dans les tribus bédouines contemporaines”1. Le fait est que les crimes d’honneur survivent dans les tribus à régime patrilinéaire dont les femmes sont des objets d’échange et d’alliance.

Marc Goodacre estime que la conception virginale est une excellente réponse aux polémiques du temps qui disaient que Jésus était “né de la fornication” (Voir Jean), c’est à dire hors mariage. On se souvient des objections de Celse qui le désigne comme “fils de courtisane”. “Là-dessus, ajoute-t-il souriant, aucun élément historique n’est disponible.”. La coutume de l’époque consistant en la lapidation, on en déduit que si Marie a survécu, c’est que Joseph l’a épousée avant son terme2.

Les jeux des enfants du premier siècle

Joshuah Schwartz évoque les jeux possibles des enfants du 1er siècle. Il évoque des balles pleines en peau cousue (qui ne rebondit pas) des jouets en bois et des jouets à traîner, des billes faîtes avec des noyaux d’abricots et des osselets (de mouton).

Le milieu de Jésus

Les disciples étaient-ils pauvres ?

En 1985, à l’occasion d’une sécheresse extrême, Orna Cohen a découvert au bord du lac de Tibériade, soit à 7 km de Capharnaüm la coque d’une barque de pêche. Le bateau était entièrement construit en bois et doté de clous en fer donc soumis à de fréquents radoubs. Ce bateau faisait 8 mètres de long sur 3 de large. Il pouvait accueillir facilement 7 personnes pour la pêche.

Une fois traité et reconstitué, il est exposé dans un musée voisin. La vox populi l’a surnommé “le bateau de Jésus” quoiqu’aucun lien concret n’ait été trouvé entre le bateau et Jésus.

Vu la rareté du bois, un tel investissement était conséquent et durable. Simon et André étaient donc aisés, sinon riches s’ils étaient patron-pêcheurs.

urbanisme et urbanité

Capharnaüm est à 7 km du lieu de découverte du bateau. Un site de village du premier siècle a été fouillé. Maintenant me site est surmonté d’une église bunker avec un plancher de verre au travers duquel on peut voir la restitution archéologique d’une maison. L’église a pris possession de la maison dite de “Simon”3, considérant qu’il s’agit de la maison de “Simon Pierre”. Il est désormais impossible de se promener librement dans la restitution archéologique pour avoir une vue d’ensemble du village. Les pilotis de béton sur laquelle elle est construite empêchent toute circulation.
Nazareth n’est mentionné dans aucune chronique romaine pour la période considérée. Séphoris, dîte “le joyau de la Galilée” n’est pas plus mentionnée quoiqu’elle ait été construite sur un plan gréco-romain (avec rues à colonnades abritant des boutiques) par Hérode et détruite par les romains suite à une insurrection racontée par Flavius Josèphe. On estime qu’elle comptait 10 000 habitants.
Séphoris était située à 1 heure de marche de Nazareth. Malgré la présence de miqweh sous les maisons les plus luxueuses, on peut penser que cette absence ressort de son caractère “trop” hellénistique. Joshuah Schwartz se plaît à imaginer que Jésus alla y travailler comme charpentier avec son père et qu’ils y vendirent des meubles.

Le temple

Commencé en -19 par Hérode, son esplanade couvrait 14 ha à elle seule. Les sages et les rabbins se tenaient sur son grand escalier pour aider les fidèles à entrer sans bousculade. Joshuah Schwartz pense que c’est là que les parents de Jésus le retrouvèrent quand, à 12 ans, l’année de sa Bar Mitsvah, ils l’oublièrent dans la foule.

Jésus prophète

le baptême de Jésus

Il fut une riche expérience ; la retraite de 40 jours dans le désert en témoigne. François Bovon recommande de ne pas se focaliser trop sur le chiffre 40 dans l’expression “40 jours”. La thématique du désert représente le ressourcement comme le montre, dans Exode, la thématique de la manne (nourriture qui vient du ciel donc spirituelle et dont il ne faut pas faire de provision car il en vient ce qui convient à chacun), l’affrontement de la réalité humaine e.g. par l’expérience de la faim. Ce 40 est un écho des 40 ans dans le désert et de l’expérience mosaïque.

La secte baptiste de Jean est une secte radicale ; la rédemption octroyée par son baptême ne vaut que pour une seule fois. D’autres sectes dites hemero-baptistes, se baignaient chaque jour pour une rédemption quotidienne.

Miracles

Ronne Reich montre des bains publics où les miracles ont lieu le plus souvent. Cette proximité est due aux lois de pureté qui réclament des bains de purification dans de nombreuses occasions. Seules les maisons riches sont équipées de bains privés. Dans le cas des maisons dégagées dans les quartiers juifs anciens de Jérusalem, celles de la classe sacerdotale poche d’Hérode. Les miqweh sont en sous-sol alimentés d’eau de pluie et les bassins sont recouverts au fond de mosaïque.
Les bains publics sont méticuleusement recouverts de plâtre.

Outre tout un chacun qui a besoin de laver quoique ce soit, ils sont fréquentés par les malades, les infirmes, les aveugles qui sont considérés comme impurs par la Mishnah4, le plus ancien texte du Talmud. Tous ces malades et handicapés fréquentent les bains assidûment car l’un d’entre eux était réputer guérir quand il avait des remous. Certaines guérisons données par Jésus ont lieu près de la porte des brebis, dans un lieu dit Bethesda.

Jérôme O’Connor o.p.5 montre des thermes romains près de cette porte des Brebis. Les thermes ont la fonction de centre commercial, d’agora et de bains publics pendant la journée comme tous les thermes romains. Ces thermes contiennent un petit temple d’Esculape avec de nombreux petits bassins ; il fonctionne la nuit à partir d »’une source d’eau chaude.

Malades, Infirmes viennent s’y glisser dans un espoir de guérison. Jésus s’adressait à eux sans doute parce que tout le monde les refusait.
Les miracles sont des éléments obligés de la vie de tous les sages guérisseurs. Près des thermes se trouve le tombeau d’un autre sage guérisseur galiléen : Amina Ben Doza qui est encore honoré.

crucifixion

Pour les raisons exposées plus haut, je ne peux en rendre compte mais l’opinion de Joe Zias peut se trouver ici, en anglais et celle de François Bovon, ici en français..

notes

  1. remonter| [note du claviste] : Il me semble qu’il faudrait savoir ce que l’honorable professeure nomme “bédouin” parce qu’il me semble avoir entendu des choses différentes sur la vie des femmes touareg dans le désert occidental. Tout apport sur la question par voie de commentaire sera le bienvenu.
  2. remonter| Voir l’excellent site de Miquel Sunyol, dans l’article les doutes de Joseph [sp] qui expose les dispositions du Deutéronome sur cette question et réfléchit sur “Joseph qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer” (en espagnol ou catalan), et pendant qu’on y est, on ne perd rien à consulter l’ensemble du parcours “cataquesis navideña
  3. remonter| un nom fort courant au point qu’il devait bien y avoir un Shimon par village,
  4. remonter| Au temps de Jésus, elle n’était pas éditée ; ce qui n’empêche pas qu’elle exista de façon orale
  5. remonter| de l’Ecole Biblique et Archéologique de Jérusalem

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