Alfaric, un mythiste au tournant des 19ème-20ème siècle

Introduction

ALFARIC, QUI EST L’AUTEUR ?

Né en 1873 et mort en 1955. Prêtre, il se défroque à 32 ans, non sans avoir demandé conseil à Alfred Loisy sur les voies d’une reconversion. Loisy lui suggère l’enseignement et Alfaric fait une licence de philo, puis passe une thèse de doctorat préparée pour partie en Allemagne. Dans la préface, Michel Onfray lui fait une biographie de martyr.

A. Loisy a aussi ouvert son carnet d’adresse et lui a présenté Lévy-Bruhl qui dût être une grande rencontre si l’on en juge par son usage du syncrétisme, sa compréhension de celui-ci, la façon dont il le développe à propos des origines du Christianisme

Prosper Alfaric, comme titulaire de la Chaire d’histoire des religions de Strasbourg depuis 1919, publie aussi dans la revue historique fondée par Gabriel Monod et la revue d’histoire des religions fondée par Emile Guimet ; celles ci sont des revues académiques.

Les articles sont :

  • Jésus a-t-il existé ? conférence de 1934
  • Comment s’est formé le mythe du Christ ? Conférence de 1947
  • Le problème de Jésus, Conférence de 1954

Ils sont reproduits entre les pages 36 à 105 du recueil Jésus a-t-il existé ? : Et autres textes par Prosper Alfaric, préfacé par Michel Onfray. Vu l’échelonnement des conférences, qui sont éditées mais pas réécrites pour leur regroupement dans un livre, on trouvera beaucoup de redites. On pourra aussi se rendre compte de l’évolution de la pensée de l’auteur sur cette question sur 20 ans.

Onfray, page xi de la préface, accrédite l’idée du complot ecclésiastique pour empêcher la réédition de cet ensemble d’articles entre 1954 et 2006. Il faut considérer cette affirmation avec réserve ; on ne peut dire que Onfray soit réellement équipé pour évaluer le travail de Alfaric. Onfray considère, en effet, qu’on sait tout ce qu’on doit savoir sur les origines du christianisme quand on a lu “la Résistance au Christianisme” de Raoul Vaneighem, autre mythiste connu mais celui-ci s’appuie sur l’inénarrable Dubourg.

Or, au bout de l’étude, on se rend compte que si les travaux du cher professeur sont oubliés, c’est qu’ils ne valent pas la réédition. La méthodologie demeure bonne dans ss grandes lignes. Les conclusions sont un peu tirées par les cheveux, eût égard au fait que l’auteur est philosophe. Nombre de ses affirmations se sont trouvées infirmées par la recherche ultérieure.

Par exemple et en vrac :

  • l’idée que les chrétiens sont nombreux à Rome sous Claude et Vespasien,
  • l’idée que Rome a de l’importance en 140 de l’ère commune dans le christianisme du temps,
  • l’idée de Couchoud sur Marcion et son intervention dans les épîtres ou son rôle dans la confection des évangiles,. Il semble q’il suive Couchoud par solidarité rationaliste alors que le Zidane des questions marcionites est, à l’époque, Adolph von Harnack, qu’il connaît et ne suit pas. La première traduction en français de la thèse d’Adolph a été publiée au CERF en 2002 (129 ans de retard) suivie d’une mise à jour de la question. Pour en parler, il faudra que je me remette le nez dedans.
  • l’idée des origines esséniennes du christianisme complètement démonétisée de nos jours,
  • la datation des évangiles placée au 2ème siècle, en 150 au plus tôt, est devenue un marqueur des athées radicaux de part et d’autre de l’Atlantique. Seule l’intervention de Marcion dans la généalogie des évangiles telle que Alfaric la conçoit justifie une date si tardive. Mais sa théorie nécessite un coup de rasoir d’Occkham : la source Marcion tenant lieu de Quelle mais inspirant déjà Marc avec le fait que Matthieu connaisse Luc, c’est 2 liens de trop. Cette tendance à vouloir “trop prouver” le range parmi les thèses marginales telle celles de l’original hébreu.

Alfaric n’est pas réédité parce qu’il est dépassé. L’intérêt de sa réédition montre combien il a été pillé sans que ses utilisateurs lui rendent ce qu’ils lui doivent. Aucun de ces utilisateurs n’a songé à actualiser les informations fournies ni à les évaluer. Nombre de mythistes ne connaissent pas les travaux du CNRS, EPHESS, Louvain, Genève, Claremont. Ils récusent Louvain et L’école Biblique de Jérusalem parce que catholiques… preuve en soi que la publicité sur l’évolution de l’exégèse ces 40 dernières années est inexistante. Pour ne pas les imiter, voir François Laplanche, la Crise des origines, Science catholique des évangiles, Albin Michel .

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