Archive pour la catégorie 'liberté d'expression'

Le voile, le niqab et la bruka ne sont ils que des “tenues vestimentaires” ?

Lundi 19 octobre 2009

Avec les séances de la commission parlementaire sur la burka, http://www.lexpress.fr/actualite/societe/faut-il-interdire-la-burqa_768412.html, Des groupes arabo-musulmans demandent si “c’est bien le rôle d’un gouvernement de s’occuper de détails vestimentaires” et d’embrayer sur la critique d’une “pseudo-laïcité” et sur les lamentations sur l’entrave aux droits de l’homme que représenterait une législation sur ce thème. Si les questions de Burka , de voile ou de niqab n’étaient qu’une affaire de “tenue vestimentaire“, on ne verrait pas ces musulmans et eux seuls monter aux créneaux pour défendre ces accessoires de mode. Si l’on peut mettre une femme pour tenir ce discours, c’est encore plus chic ; certaines, souvent des converties, parlent de “haine du voile” de la part des “occidentaux” là où une réelle analyse devrait trouver une expression plus exacte comme “interrogation sur le voile et sur la ségrégation visuelle des femmes dans l’espace public” .

On peut donc dire que l’allégation “tenue vestimentaire” est un euphémisme destiné à banaliser et camoufler une préoccupation politique : marquer les femmes musulmanes dans l’espace public et montrer, par là, les limites d’un territoire virtuel quoique communautaire . Or, ce territoire n’est pas anodin : il s’agit de celui de l’islamisme, c’est à dire du fondamentalisme musulman.

Le voile est-il un signe religieux obligatoire ?

Au moment de la commission sur le voile, les jeunes filles voilées le serinaient aux autres jeunes issues de familles venues du Maghreb en sorte de les convertir au port de cet accessoire de mode. Pourtant, celui-ci n’est pas une obligation au même titre que les 5 piliers comme ces groupes, issus du tabligh ou du néo-salafisme, tentent de le faire croire.

Dans leur préface (page 18) à “Penser le CoranMahmoud Hussein [1], racontent l’origine de celui-ci de la façon suivante :

“Cela se passait à Médine. Les femmes devaient sortir de la ville, à la tombée de la nuit, pour leurs besoins. Elles étaient alors souvent importunées par des voyous. Elles firent part de leur colère à leurs maris, qui en parlèrent à leur tout au Prophète. C’est à la suite de ces incidents que le verset coranique aurait été révélé à ce dernier (verset XXXII, 59). En revêtant un châle, les femmes libres pouvaient se faire reconnaître même dans l’obscurité de la nuit”

Ils ajoutent l’effet produit par ce récit sur leur auditoire lors de la conférence sur leur précédent livre [2] :

“La jeune femme devant nous était visiblement excédée. Elle finit par nous demander comment nous osions penser que Dieu, dont le Livre ne contenait que des commandements éternels, pouvait n’avoir ordonné le port du châle que pour des raisons aussi triviales
Nous lui répondîmes que cet épisode était cité par les exégètes les plus orthodoxes, et qu’en tout état de cause, elle était libre de considérer que ce verset obligeait toutes les femmes du monde, jusqu’à la fin des temps, ou, au contraire, de considérer qu’il répondait à des exigences étroitement conjoncturelles, aujourd’hui dépassées.”

D’autre part, Leila Babès rappellent combien le voile est pratique contraire à l’égalité des sexes :

“Un discours totalement inédit dans l’histoire de l’islam se propage depuis quelques années en France, selon lequel le voile est une prescription et une pratique religieuses ! Il s’agit là d’une des plus grandes mystifications que des musulmans aient jamais produites sur leur propre religion. Car le voile n’est pas une prescription religieuse et encore moins une pratique religieuse ».

Leïla Babès Le voile est avant tout une affaire d’hommes désireux de se protéger de la femme, comme objet de désir permanent. Dans le pays de la liberté, des musulmans s’indignent qu’avec la loi d’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école, on touche à l’honneur de leur communauté, à l’emploi, et à la liberté de la femme. Mais on ne les voit pas manifester contre les atteintes aux Droits de l’Homme dans les pays musulmans. En réalité, la vraie discrimination est celle qui touche aux rapports hommes/femmes. Et en matière des droits de l’Homme ce n’est pas la liberté religieuse qui est menacée, mais bien l’égalité des sexes ” http://www.editions-bayard.com/pages/fiche.php?isbn=2227474416

Rappelons que l’imposition du voile aux femmes musulmanes ne date que de la révolution théocratique iranienne ; auparavant, les mêmes femmes musulmanes n’avaient qu’une seule idée : s’en débarrasser et ceci, depuis les indépendances. On ne saurait donc parler “d’entrave à laliberté de culte” mais “d’extension du domaine de la lutte communautaire” dont les femmes et les gays font les frais.
On ne peut même pas parler de “tradition” car dans de nombreux pays du Maghreb,

  • soit il n’était pas porté sans qu’on puisse parler d’influence du colonisateur : des photos anthropologiques d’époque en témoignent
  • *soit il était porté selon un pliage régional qui n’avait rien à voir avec l’uniforme actuel mondialisé, imité soit de la pratique en l’arabie saoudite, soit de la pratique iranienne, soit, depuis peu, de la mode afghane depuis le régime taliban. Il suffit de voir des films afghan sous le règne du dernier roi afghan pour voir combien ledit accessoire de mode était absent du paysage.

Ce voile n’est donc pas une pratique religieuse mais un marqueur d’une volonté théocratico-politique.

Les femmes ne sont pas la propriété de l’une ou l’autre des communautés ; elles sont aussi des citoyennes et c’est cela que l’enquête parlementaire défend. En quelque sorte, la revendication que l’enquête parlementaire s’immiscerait dans la vie des gens contre les droits de l’homme se révèle “pseudo-droit de l’hommiste” en ce sens qu’elle oppose les droits de l’homme à ceux de la femme. Il est donc abusif de parler d’inquisition ou de pseudo-laïcité dans ce cas. Il s’agit bien d’une réplique à l’inquisition (la hisba ou police des moeurs) quand elle veut restreindre les droits de l’homme.

Ensuite l’allégation toute musulmane que tout ce qui entrave le marquage communautaire des femmes atteint les droits de l’homme ou la laïcité provient d’une profonde méconnaissance de ladite laïcité comme de son histoire.

Voici les termes dans lequels s’exprimait son esprit en 1903 dans une proposition de loi sur la police des cultes :

“La liberté de conscience et de croyance et le libre exercice des cultes sont garantis à tous les citoyens français, sous la seule restriction ci-après relatives à la police des cultes.”[3]

et la version consolidée 2009 de la loi de 1905

De même que l’intransigeance de l’église catholique romaine a conduit en 1904 et 1905 à toute une série de mesures à son encontre jusqu’à ce qu’elle rentre dans le rang laïc, il n’est pas impossible d’envisager dans le cadre de la police des cultes, les mesures nécessaires à faire rentrer le fondamentalisme musulman dans le cadre de la laïcité en sorte qu’il devienne conforme non seulement aux droits de l’homme mais aussi de la femme.

notes

  1. ÎBaghgat Elnadi (né en 1936) et Adel Rifaat (né en 1938), 2 politologues égyptiens avaient présenté une synthèse de la Sirâ
  2. Î Al-Sira
  3. Î projet de loi de 1903 sur la spération des églises et de l’état et la police des cultes

En savoir plus

  • ZARKA Yves-Charles (dir.), Faut-il réviser la loi de 1905 ? La séparation entre religions et État en question, Paris, PUF, « Intervention philosophique », 2005,
  • Ce que Leila Babès a dit à la commission.
  • Leila Babès, le voile démystifié
  • Curieusement, Oumma ne retient d’elle que l’article dans lequel elle critique l’attitude des professeurs vis à vis des élèves voilées et affirme que la laïcité s’applique au service public et ne dit pas un mot des autres interventions, par exemple, celles où elle dit que le voile est “l’étoile jaune de la condition féminine“. On avait déjà vu un phénomène de semblable sélection avec Olivier Roy dont on retenait l’article sur la critique de l’islam qui parfois s’apparente à du racisme mais dont le livre “La Sainte ignorance : le temps des religions sans culture” dans lequel il traite largement du néo-salafisme est cérrément ommis.

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wikipédia et Ahmed Deedat

Jeudi 20 aot 2009

Chacun sait maintenant que les articles de wikipédia sont loin de la “neutralité de point de vue” qu’elle revendique. Elle est devenue le champs clos des “pro” contre les “antis“.

Il en résulte qu’il est interdit de signaler que les oeuvres de Ahmed Deedat sont frappées d’interdiction en France au chef de l’incitation à la haine raciale.

Ahmed Deedat est l’un des prédicateurs musulmans les plus écoutés par la mouvance salafiste.

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Gerd Ludemann : des yeux qui ne voient pas

Vendredi 22 fvrier 2008

Sur le site “The Forbidden Gospels“, April DeConick, donne quelques mots de recensions sur le livre de Ludemann qui répond au Jésus de Nazareth de Benoît XVI.

Elle a discuté avec L’auteur qui lui donne deux des raisons pour écrire ce livre :
1- “the enthusiastic response it has received even among educated people reflects the fact that the very existence of biblical criticism is widely unknown.” La réponse enthousiaste qu’il [le livre] a reçu même chez des gens cultivés reflète le fait que la seimple existence de l’exégèse biblique est largement inconnue
2- “he worries that many Catholic biblical scholars might be intimidated by writing an honest evaluation of the Pope’s work” Il craint que nombre de chercheurs biblistes catholiques aient été intimidés s’ils écrivaient une critique honnête de l’ouvrage du Pape.

Une troisième est mentionnée en fin de recension :
When finished, I bet that the adult education classes would have a good idea how the historical method works in comparison with the theological.” Une fois le livre fermé, je parie que les adultes instruits se feront une bonne idée des méthodologies respectives entre la méthode historique et la méthode théologique.

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La liberté d’offenser

Mardi 8 janvier 2008

Au cours de l’ émission sur la liberté d’offenser, on parlait de la liberté d’offenser les conceptions des uns et des autres sur le sexe et la religion.

Au milieu de l’émission, on évoqua le cas des commissaires d’exposition de “Présumé innocent“. Stéphanie Moisdon, ex-commissaire de l’exposition, évoqua le fait que la gendarmerie ait fait un tour de l’exposition et déclaré “ce n’est pas de l’art mais il n’y a pas de délit“.Suivirent les ricanements de Stéphanie Moisdon qui racontait l’anecdote, puis celui de Ruwen Ogier, puis la remarque entendue de Sylvain Bourmot.

En quelque sorte, l’endroit ou cela coinçait était que le gendarme (notoirement stupide comme on le sait depuis Guignol) s’autorise à émettre un jugement esthétique qu’il était interdit de proférer sous peine de passer… pour un guignol.

La représentation de l’art, comme celles offertes par la religion, est une domaine dans lequel le blasphème est interdit. Cette compréhension de l’émission peut être confortée par l’affirmation de l’une des commissaires que ouvrir le débat sur l’art comme le firent et continuent de le faire Jean Clerc ou Nathalie
Heinich
, c’est “travailler contre nous“, c’est à dire contre elles, les commissaires et les amateurs d’art contemporain.

Les religions ne disent pas autre chose : publier telle caricature, c’est travailler contre telle religion, publier des réflexions comme “l’évangile et l’église”, c’est “attaquer l’église catholique” etc…
En quelque sorte, la liberté d’offenser ne serait devoir être offerte que sur les sujets sexuels et sur les sujets religieux ; en ce qui concerne l’art, il ne saurait en être question sous peine de tomber dans le mauvais goût, la ringardise voire le  populisme? Le jugement de Stéphanie Moisdon était là ecclésiomorphe.

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Liberté académique : le créationisme

Samedi 27 octobre 2007

C’était un rapport commandé à Guy Langagne par le Conseil de l’Europe.  Il a été publié le 8 juin 2007 sous le titre ” Les dangers du créationnisme dans l’éducation” .

Ses conclusions ont été rejetées le 26 juin dernier par 64 voix contre 46. Autant dire qu’il est tombé dans les oubliettes. Les associations scientifiques et /ou citoyennes protestent :

projet de résolution

Le projet de résolution déclarait ceci :

Les créationnistes remettent en cause le caractère scientifique de certaines connaissances et présentent la théorie de l’évolution comme une interprétation parmi d’autres. Ils accusent les scientifiques de ne pas fournir de preuves suffisantes pour valider le caractère scientifique de la théorie de l’évolution. A contrario, les créationnistes défendent la scientificité de leurs propos. Tout ceci ne résiste pas à une analyse objective

Il réclamait que le Conseil de l’Europe s’engage :

à s’opposer fermement à l’enseignement du créationnisme en tant que discipline scientifique, au même titre que la théorie de l’évolution par la sélection naturelle et en général à ce que des thèses créationnistes soient présentées dans tout cadre disciplinaire autre que celui de la religion ;

Voici donc une occasion d’être vigilant et de demander que le rapport soit remis sur la table.

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