Archive pour la catégorie 'Actualités'

Margot Kässmann, présidente de l’Église d’Allemagne

Mercredi 4 novembre 2009

La nouvelle présidente de l'EKD : Margot Kässmann
Le synode de l’Église évangélique d’Allemagne (EKD), réuni à Ulm (sud), a élu jeudi 28 octobre Margot Kässmann, 51 ans, comme nouvelle présidente pour succéder à Wolfgang Huber, 67 ans, qui ne se représentait pas. Elle a réuni 132 voix sur 142. C’est la première fois qu’une femme accède à la tête de cette Église de 24 millions de fidèles, l’une des plus importantes du monde protestant.

Depuis 1999, cette mère de quatre filles, divorcée, était évêque de l’Église protestante du Hanovre, l’une des 22 Églises membres de l’EKD. Docteur en théologie (elle a soutenu une thèse sur « Pauvreté et richesse, une interpellation pour l’unité de l’Église »), elle a connu une longue expérience pastorale avant de devenir la seconde et la plus jeune femme (41 ans) à accéder à l’épiscopat au sein de l’EKD.

En décembre 2006, l’évêque Margot Kässmann était élue « femme
de l’année
» par les lecteurs du magazine télé allemand à grand
tirage
Funk Uhr. « Elle a réussi, avec quatre enfants, à
occuper un poste qui est à la fois une profession et une vraie vocation
», déclarait
lors de la remise du prix le rédacteur en chef du magazine, Jan von Frenckell. [1]

L’EKD (Evangelische Kirche in Deutschland) en Allemagne

Le tableau des religions[2] en Allemagne est marqué par la parité entre catholiques et protestants (quelque 25 millions de personnes pour chaque confession) sous un aspect un aspect pluraliste et séculier. Les églises issues de la Réforme sont organisées. en Eglises évangéliques régionales ayant pour organe national l’Eglise évangélique d’Allemagne (Evangelische Kirche in Deutschland). Celles-ci coopèrent avec plus de 20 autres Eglises chrétiennes (Eglises orthodoxes, évangéliques libres, vieilles-catholiques, etc.) au sein du Groupe de travail des Eglises chrétiennes (ACK).

Les relations entre l’Etat et la religion en Allemagne se basent sur la liberté de religion garantie par la Loi fondamentale, sur la séparation de l’Etat et de l’Eglise comprise comme la neutralité de l’Etat en matière de philosophie religieuse ainsi que sur le droit à l’autodétermination des communautés religieuses. La Constitution considérant la religion non comme une mission de l’Etat mais comme une mission publique, l’Etat soutient les communautés religieuses. Nombre de règlements légaux ou contractuels (concordats, contrats Etat-Eglises) régissent des questions comme l’enseignement religieux, l’impôt du culte, les aumôneries militaires ou les facultés de théologie. La Loi fondamentale garantit l’enseignement religieux confessionnel comme matière scolaire régulière (mais limitée par les « clauses de Brême » pour les Länder de Brême et de Berlin). Sans préjudice du droit de regard de l’Etat, l’enseignement religieux est dispensé en accord avec les principes de ces communautés religieuses. les Eglises évangéliques régionales possèdent le statut de collectivités de droit public d’un type particulier (ce statut existait avant même la République de Weimar). Il est ouvert à toutes les communautés religieuses ayant suffisamment de membres et offrant des garanties de durée. L’Allemagne étant un Etat fédéral, ce sont les Länder qui sont compétents en matière de culte. Des contrats règlent les relations entre les Eglises ou communautés religieuses et l’Etat allemand ou les Länder. Les contrats de l’Etat avec les églises issues de la Réforme (comme avec les autres communautés religieuses) sont soumis au droit national en raison de leur absence de capacité juridique au niveau international.

L’Eglise évangélique d’Allemagne (EKD), dont le siège se trouve à Hanovre, est une communauté rassemblant les 22 Eglises évangéliques régionales autonomes de confession luthérienne, réformée et unie. Avec 25,4 millions de membres (en 2005) dans 16.100 paroisses, elle représente la plus grande partie des chrétiens protestants en Allemagne.
Les comités directeurs élus de l’EKD (Synode, Conseil et Conférence des Eglises) veillent à la réalisation des tâches de l’EKD qui sont fixées dans la Constitution ecclésiale de l’EKD. Les 120 membres du Synode se réunissent en général une fois par an. Ils adoptent les lois ecclésiales et prennent position sur des questions tant religieuses que sociétales. La présidente du Synode est actuellement Mme Barbara Rinke, maire de la ville de Nordhausen en Thuringe. Le Conseil dirige l’EKD et la représente à l’extérieur. Composé de 15 membres (des laïcs et des théologiens, dont 7 femmes), il est élu pour six ans par le Synode et la Conférence des Eglises. L’évêque Pr. Wolfgang Huber était, jusqu’ici, président du Conseil de l’EKD depuis 2003. Les Eglises évangéliques possèdent elles aussi un réseau d’organisations diversifié, dont la Journée des protestants allemands (KirchenTag), organisée depuis 1949, l’année de fondation de la République fédérale d’Allemagne, tous les deux ans en alternance avec la Journée des catholiques allemands (KatholikenTag). L’Eglise évangélique fait partie du Conseil œcuménique des Eglises (le Conseil mondial des Eglises, dont le siège est à Genève).

Notes

  1. Î Passage piqué à La Croix qui donne aussi un interview de Margot Kassmann de 2007
  2. Î passage piqué à Allemagne • Faits et réalités, Les religions

Voir aussi

Katharine Jefferts Schori, Une femme devient primat anglican

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Les bons samaritains

Lundi 19 octobre 2009

Cher Nicolas,

Lors de ta magnifique prestation à la première réunion du Conseil français du culte musulman, tu as déclaré être catholique. Cela m’a bien plu. Je me suis dit “Chouette, voilà un type avec lequel j’ai quelques valeurs communes” enfin à quelques détails prêts.

Sûrement, quand t’étais petit on t’as raconté une parabole qui commence comme cela :

“un homme descendait de Jérusalem à Jéricho…”

La suite de l’histoire est assez terrible : il est dépouillé par des brigands et laissé pour mort au bord de la route. 3 personnes passent. les deux premiers sont des huiles de la République qui passent sans s’arrêter et le dernier un quidam qui lui vient en aide au malheureux, le panse et paye son hébergement dans une auberge en précisant qu’à son retour il paiera les frais excédentaires.

Or, je ne me souvenais pas, qu’à la fin, le quidam était traîné devant le Sanhédrin et enfermé au centre de rétention de Coquelles pour délit de solidarité comme l’ont été récemment Charles Frammezelle et Jean-Claude Lenoir. Je te dis cela parce que tu es ministre de l’intérieur et des cultes. Je constate avec regret que les différences entre nos instructions religieuses sont bien plus profondes que je ne l’imaginais et ne se situent pas où tout le monde me le disait. Encore que, les petits gars se réclament eux aussi du catholicisme ???? Cela ne serait pas être le même ????

Bien entendu, je n’imagine pas que tu ailles toquer à la porte de ton collègue Garde des Sceaux pour lui demander de faire quelque chose. Tout de même, tout de même ?? Avant d’aller devant le juge, ils ont bien dû passer par tes services. Je me souviens avec émotion de ce juge qui avait relaxé une femme accusée de vol proclamant “l’état de nécessité” parce qu’elle s’en prenait exclusivement au rumsteack pour nourrir ses enfants.

Notre fière devise de la République Laïque proclame “Liberté, Egalité, Frater… “. Je ne vois plus bien la fin du mot qui s’efface, avec le temps du fronton de nos mairies. Déjà, sur “Egalité“, il y a des banlieues où l’on a bien des difficultés à le mettre en pratique, comme s’il était déjà effacé.

Il me semble que le jugement de Jean-Claude Lenoir et Charles Framezelle donne comme un coup de burin supplémentaire au troisième mot de la devise.Si les deux derniers continuent de s’effacer, je ne vois pas bien ce qu’il restera du premier.

“Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour”

En attendant, je requiers l’honneur d’être comptée au nombre de ceux qui soutiennent l’accueil des étrangers en situation irrégulière. Je déclare être l’un d’eux. Je déclare avoir aidé des étrangers en situation irrégulière. Je déclare avoir la ferme volonté de continuer à le faire en mon âme et conscience.

De même que je réclame un changement radical des politiques à l’égard des immigrés et des étrangers, je réclame le droit à la solidarité, contre la logique des États.

Si la solidarité est un délit, je demande à être poursuivie pour ce délit.

Cordialement,

Mulot

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Le voile, le niqab et la bruka ne sont ils que des “tenues vestimentaires” ?

Lundi 19 octobre 2009

Avec les séances de la commission parlementaire sur la burka, http://www.lexpress.fr/actualite/societe/faut-il-interdire-la-burqa_768412.html, Des groupes arabo-musulmans demandent si “c’est bien le rôle d’un gouvernement de s’occuper de détails vestimentaires” et d’embrayer sur la critique d’une “pseudo-laïcité” et sur les lamentations sur l’entrave aux droits de l’homme que représenterait une législation sur ce thème. Si les questions de Burka , de voile ou de niqab n’étaient qu’une affaire de “tenue vestimentaire“, on ne verrait pas ces musulmans et eux seuls monter aux créneaux pour défendre ces accessoires de mode. Si l’on peut mettre une femme pour tenir ce discours, c’est encore plus chic ; certaines, souvent des converties, parlent de “haine du voile” de la part des “occidentaux” là où une réelle analyse devrait trouver une expression plus exacte comme “interrogation sur le voile et sur la ségrégation visuelle des femmes dans l’espace public” .

On peut donc dire que l’allégation “tenue vestimentaire” est un euphémisme destiné à banaliser et camoufler une préoccupation politique : marquer les femmes musulmanes dans l’espace public et montrer, par là, les limites d’un territoire virtuel quoique communautaire . Or, ce territoire n’est pas anodin : il s’agit de celui de l’islamisme, c’est à dire du fondamentalisme musulman.

Le voile est-il un signe religieux obligatoire ?

Au moment de la commission sur le voile, les jeunes filles voilées le serinaient aux autres jeunes issues de familles venues du Maghreb en sorte de les convertir au port de cet accessoire de mode. Pourtant, celui-ci n’est pas une obligation au même titre que les 5 piliers comme ces groupes, issus du tabligh ou du néo-salafisme, tentent de le faire croire.

Dans leur préface (page 18) à “Penser le CoranMahmoud Hussein [1], racontent l’origine de celui-ci de la façon suivante :

“Cela se passait à Médine. Les femmes devaient sortir de la ville, à la tombée de la nuit, pour leurs besoins. Elles étaient alors souvent importunées par des voyous. Elles firent part de leur colère à leurs maris, qui en parlèrent à leur tout au Prophète. C’est à la suite de ces incidents que le verset coranique aurait été révélé à ce dernier (verset XXXII, 59). En revêtant un châle, les femmes libres pouvaient se faire reconnaître même dans l’obscurité de la nuit”

Ils ajoutent l’effet produit par ce récit sur leur auditoire lors de la conférence sur leur précédent livre [2] :

“La jeune femme devant nous était visiblement excédée. Elle finit par nous demander comment nous osions penser que Dieu, dont le Livre ne contenait que des commandements éternels, pouvait n’avoir ordonné le port du châle que pour des raisons aussi triviales
Nous lui répondîmes que cet épisode était cité par les exégètes les plus orthodoxes, et qu’en tout état de cause, elle était libre de considérer que ce verset obligeait toutes les femmes du monde, jusqu’à la fin des temps, ou, au contraire, de considérer qu’il répondait à des exigences étroitement conjoncturelles, aujourd’hui dépassées.”

D’autre part, Leila Babès rappellent combien le voile est pratique contraire à l’égalité des sexes :

“Un discours totalement inédit dans l’histoire de l’islam se propage depuis quelques années en France, selon lequel le voile est une prescription et une pratique religieuses ! Il s’agit là d’une des plus grandes mystifications que des musulmans aient jamais produites sur leur propre religion. Car le voile n’est pas une prescription religieuse et encore moins une pratique religieuse ».

Leïla Babès Le voile est avant tout une affaire d’hommes désireux de se protéger de la femme, comme objet de désir permanent. Dans le pays de la liberté, des musulmans s’indignent qu’avec la loi d’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école, on touche à l’honneur de leur communauté, à l’emploi, et à la liberté de la femme. Mais on ne les voit pas manifester contre les atteintes aux Droits de l’Homme dans les pays musulmans. En réalité, la vraie discrimination est celle qui touche aux rapports hommes/femmes. Et en matière des droits de l’Homme ce n’est pas la liberté religieuse qui est menacée, mais bien l’égalité des sexes ” http://www.editions-bayard.com/pages/fiche.php?isbn=2227474416

Rappelons que l’imposition du voile aux femmes musulmanes ne date que de la révolution théocratique iranienne ; auparavant, les mêmes femmes musulmanes n’avaient qu’une seule idée : s’en débarrasser et ceci, depuis les indépendances. On ne saurait donc parler “d’entrave à laliberté de culte” mais “d’extension du domaine de la lutte communautaire” dont les femmes et les gays font les frais.
On ne peut même pas parler de “tradition” car dans de nombreux pays du Maghreb,

  • soit il n’était pas porté sans qu’on puisse parler d’influence du colonisateur : des photos anthropologiques d’époque en témoignent
  • *soit il était porté selon un pliage régional qui n’avait rien à voir avec l’uniforme actuel mondialisé, imité soit de la pratique en l’arabie saoudite, soit de la pratique iranienne, soit, depuis peu, de la mode afghane depuis le régime taliban. Il suffit de voir des films afghan sous le règne du dernier roi afghan pour voir combien ledit accessoire de mode était absent du paysage.

Ce voile n’est donc pas une pratique religieuse mais un marqueur d’une volonté théocratico-politique.

Les femmes ne sont pas la propriété de l’une ou l’autre des communautés ; elles sont aussi des citoyennes et c’est cela que l’enquête parlementaire défend. En quelque sorte, la revendication que l’enquête parlementaire s’immiscerait dans la vie des gens contre les droits de l’homme se révèle “pseudo-droit de l’hommiste” en ce sens qu’elle oppose les droits de l’homme à ceux de la femme. Il est donc abusif de parler d’inquisition ou de pseudo-laïcité dans ce cas. Il s’agit bien d’une réplique à l’inquisition (la hisba ou police des moeurs) quand elle veut restreindre les droits de l’homme.

Ensuite l’allégation toute musulmane que tout ce qui entrave le marquage communautaire des femmes atteint les droits de l’homme ou la laïcité provient d’une profonde méconnaissance de ladite laïcité comme de son histoire.

Voici les termes dans lequels s’exprimait son esprit en 1903 dans une proposition de loi sur la police des cultes :

“La liberté de conscience et de croyance et le libre exercice des cultes sont garantis à tous les citoyens français, sous la seule restriction ci-après relatives à la police des cultes.”[3]

et la version consolidée 2009 de la loi de 1905

De même que l’intransigeance de l’église catholique romaine a conduit en 1904 et 1905 à toute une série de mesures à son encontre jusqu’à ce qu’elle rentre dans le rang laïc, il n’est pas impossible d’envisager dans le cadre de la police des cultes, les mesures nécessaires à faire rentrer le fondamentalisme musulman dans le cadre de la laïcité en sorte qu’il devienne conforme non seulement aux droits de l’homme mais aussi de la femme.

notes

  1. ÎBaghgat Elnadi (né en 1936) et Adel Rifaat (né en 1938), 2 politologues égyptiens avaient présenté une synthèse de la Sirâ
  2. Î Al-Sira
  3. Î projet de loi de 1903 sur la spération des églises et de l’état et la police des cultes

En savoir plus

  • ZARKA Yves-Charles (dir.), Faut-il réviser la loi de 1905 ? La séparation entre religions et État en question, Paris, PUF, « Intervention philosophique », 2005,
  • Ce que Leila Babès a dit à la commission.
  • Leila Babès, le voile démystifié
  • Curieusement, Oumma ne retient d’elle que l’article dans lequel elle critique l’attitude des professeurs vis à vis des élèves voilées et affirme que la laïcité s’applique au service public et ne dit pas un mot des autres interventions, par exemple, celles où elle dit que le voile est “l’étoile jaune de la condition féminine“. On avait déjà vu un phénomène de semblable sélection avec Olivier Roy dont on retenait l’article sur la critique de l’islam qui parfois s’apparente à du racisme mais dont le livre “La Sainte ignorance : le temps des religions sans culture” dans lequel il traite largement du néo-salafisme est cérrément ommis.

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Litteraliste = vrai croyant ?

Mardi 13 octobre 2009

L’un des sports favoris des Q/RIstes athées consiste à interroger le chrétien sur les “contradictions de la Bible“. Si l’on construit des réponses circonstanciées, par exemple via l’histoire des textes ou les genres littéraires, on obtient facilement ce type de réponse :

“En même temps ne plus prendre les textes au pied de la lettre est-ce vraiment encore être de cette religion?”

C’est l’argument de Jean Bricmont (qui en est resté au concordisme)selon lequel tout croyant qui réfléchit à sa religion et pour cela acquiert une certaine culture, ne serait pas “sincère“.

  • D’une part, cela signifie que ce type d’athée choisit son adversaire : le croyant littéraliste. Le fait est qu’il est plus facile à déstabiliser que le “fidèle“, c’est à dire le celui qui adhère à une religion autrement que les yeux fermés.
  • D’autre part, cela signifie que l’athée qui fait cette remarque, “que celui qui n’est pas littéraliste n’est pas sincère” ou “pas croyant“, reconnaît comme orthodoxie de n’importe quellle religion, le courant fondamentaliste. Ce qui en dit long sur la culture en matière de “fait religieux” de l’athée en question !

En quelque sorte, n’ayant rien à répondre, il préfère classer ces “croyants non littéralistes” en hérétiques, voire en apostats.

1- Envisager des questions religieuses sous l’angle de la théologie, voire de la théologie comparée, nécessite une culture

dont l’athée modèle Bricmont ne dispose pas ; en outre cela nécessite de disposer des outils des sciences humaines, ce que Bricmont et ses adeptes refusent d’entrée de jeu.

Dans une émission “science culture” sur France-Culture, il a admis que son pamphlet écrit avec avec Sokal (1997), qui lui a donné la célébrité (bien plus que les travaux de physique théorique qui lui permettent de professer à Louvain) , avait surtout pour objectif de montrer que les sciences humaines n’étaient pas des sciences.

Le fait est qu’on aurait pu retourner cette critique concernant l’usage du vocabulaire des sciences dures par les gens de sciences de humaines aux gens des sciences dures quand ils utilisent le vocabulaire des sciences humaines, voire de la théologie. Ainsi, quand les mathématiciens parlent de “mathématiques transcendentales“, de quoi nous parlent-ils ? Et quand on parle de vocabulaire abscons, je conseille à quiconque veut en tâter d’écouter les conférences de mathématiques ou de biologie du Collège de France qui sont podcastables !

Les scientifiques concernés répondent que le problème vient du manque de bases de l’auditeur (et donc de l’apprenti défaillant et la difficulté n’est pas du côté du scientifique, cela va de soi) ; ce qui ne tient pas bien la route quand on écoute des choses aussi spécialisées que les conférences de Anne Cheng sur les philosophies chinoises qui sont immédiatement compréhensibles pour un auditeur de niveau bac (à savoir 80% d’une classe d’âge, n’est-il pas ?), en dépit des citations en chinois.

On peut donc conclure que la volonté de préserver un pré carré “sélectif” conduit les “scientifiques” des sciences dures à ne pas prendre le temps de préparation pédagogique pour rendre leur objet communicable [1 Stella Baruch].

Il en résulte que, l’athée préférant débattre (et gagner facilement)

contre le croyant littéraliste mais se trouvant dans l’impossibilité de gagner devant l’autre, le fidèle, préfère le classer comme “hérétique” voire en “apostat” (le vocabulaire de celui qui revendique l’orthodoxie) plutôt que de trouver un autre mot que celui désignant celui qu’il tient pour un débile définitif” : le “croyant”

Il pratique alors un dénigrement par le jugement moral plutôt que par l’argumentation rationnelle, juste parce que le fidèle le met dans une situation où, ne pouvant gagner dans le combat prosélyte, son image de lui en tant que “maître de la Raison, de la logique et de la libre culture ” en prend un “sacré” coup !

En cela, il utilise “l’ultime stratagème” décrit par Schopenhauer, l’insulte, dans la manière du “croyant“, celui-là même qu’il dénigre usuellement, en posant sa vérité : le fidèle est un apostat . Il épouse en cette occasion le point de vue du débile d’hier.

Le problème est donc bien le prosélytisme

in vivo

A l’appui de la  déclaration qui me sert de point de départ, un Q/Riste m’écrit la chose suivante (en substance) :

“*sur son site l’église catholique écrit que Genèse 1 est un mythe symbolique
*sur les sites athées, les athées écrivent que la Bible est un mensonge
*l’église catholique est donc un site athée”

Cette déclaration tombe exactement dans la trappe décrite dans mon exposé ci-dessus. En effet, ce raisonnement nous montre deux choses :

  •  l’auteur de ce syllogisme ne maîtrise pas les règles du syllogisme juste. En effet, le raisonnement syllogistique obéit à des règles précises que celui-ci ne respecte pas. Il est donc faux sur le plan méthodologique et sa conclusion en souffre.
  • en dépit de cette erreur de méthode (qui fait tomber le dogme que l’athée est le maître de la raison raisonnante), le syllogisme porposé nous informe que l’auteur du syllogisme procède à l’équivalence entre “mythe” et “mensonge

Dans ce cas, c’est le manque de connaissances en littérature. L’auteur du syllogisme ne connaît que le sens commun du mot “mythe” et ignore le sens littéraire du même mot, ce qui l’empêche de comprendre la phrase issue du site de l’église catholique. Et pourtant, l’ECAR avait pris la précaution de pratiquer la redondance en ajoutant l’adjectif “symbolique“.

Pour notre militant de l’alternative “littéralisme v/ apostasie“, le mythe, le symbole sont synonymes de “mensonge“. On peut penser qu’il aura autant de difficulté à comprendre des genres littéraires voisins comme “midrash“, “parabole“, “fable“.

On comprend donc que l’alternative en question ne tient la route qu’à la condition d’avoir des lacunes en philosophie et en littérature. Nous sommes donc dans un cas exemplaire de mon exposé ci-dessus.

en savoir plus

  • John Hick, God has many names. En fin d’ouvrage, l’auteur explique que le savoir sur les religions est en vente libre.
  •  Pour comprendre la différence entre “mythe” et “mensonge“, voir Jean-Pierre Vernant, mythe et pensée chez les grecs, 1965.  Pour les essentialistes, rappelons que Jean-Pierre Vernant éminent historien et philosophe était athée ; ce n’est donc pas une explication ad usum delphini, mais une explication universitaire donc “scientifique”
  •  Echec et maths, Stella Baruk, Seuil/Points

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Qui a dit que foi et science étaient incompatibles ?

Jeudi 17 septembre 2009

On parle beaucoup en ce moment d’une réforme de la mesure du développement, pour savoir quels sont les meilleures nations et quelles sont les pires. Il y a le PIB par habitant, qui ne tient compte que de la valeur de la production annuelle, estimée selon certains critères. Il y a l’IDH (indice de développement humain) qui tient plus compte des services publics. Le gouvernement français voudrait réformer le PIB, pour faire entrer dans son calcul les droits sociaux, la solidarité, voire la beauté des paysages, et passer en tête (de toutes façons quels que soient les critères le Zimbawé et la Somalie seront en queue de classement).

C’est pareil pour l’évaluation des universités : le classement de Shanghai retient certains critères, mais celui d’Oxford en retient d’autres.

Et pour les religions ? Plein de gens prétendent que telle ou telle religion (la leur en général) est la “meilleure religion”. Mais ils ne sont pas d’accord entre eux. Comment établir un instrument de mesure et d’évaluation fiable qui va nous permettre de savoir enfin quelle est la meilleure religion ?

Réunis à Assise en Italie, les délégués de la plupart des grandes religions mondiales ont fait des propositions dans ce sens. L’Indice d’Excellence Religieuse (IER) devrait selon eux prendre en compte les critères suivants :

  • A - Ancienneté de la religion (en siècles)
  • B - Nombre de fidèles pratiquants (en millions)
  • C - Nombre de Prix Nobel décrochés par les fidèles
  • D - Nombre de footballeurs et de rock-stars convertis
  • E - Nombre de livres religieux publiés par an (en milliers)
  • F - Nombre de guerres de religion gagnées
  • G - Nombre de monuments ou d’œuvres d’art sacré classées au Patrimoine Mondial de l’UNESCO (en centaines)
  • H - Nombre de gonzesses qu’on gagne au Paradis
  • I - Nombre de miracles économiques, scientifiques, médicaux (en milliers)

Maintenant ils ne sont toujours pas d’accord sur les coefficients qui seront affectés à chaque variable. Mais on a déjà la formule :

Soient x, y et z les coefficients,

IER = (Bx+Cy+Dy+Ey+Fy+Gz+Hz)x(I/A)

Et voilà ! Suffit de faire le calcul et on saura enfin d’une manière objective et incontestable quelle est la meilleure religion !

HaCa

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