Ce qui ne m'empêche pas de vouloir en savoir le plus possible sur Lui : Dieu n'est pas un objet dont on peut faire le tour, ni un magasin dont on fait l'inventaire, mais un être, et on n'a jamais fini de connaître un être.
Pour cette connnaissance, j'use de l'intelligence que Dieu lui-même m' a donnée pour cela. Un de mes professeurs de philosophie soutenait qu'aucune question n'est inaccessible à la raison humaine, pour peu qu'elle s'en donne la peine, alors que d'autres professent qu'il en est d'inaccessible pour leur raison. Je suppose donc qu'ils ne parlent pas de la même chose, ou qu'ils n'ont pas fait sérieusement l'effort nécessaire. Ce n'est pas que je me vante d'avoir résolu le mystère de la Trinité, mais du moins je me représente nettement les termes du problème, et en quoi il dépasse la logique humaine, qui est à l'image de celle de Dieu, mais qui n'est pas celle de Dieu.
C'est ce que j'appelle passer le dogme au filtre de ma raison, encore que la comparaison soit mauvaise, car le filtrage suppose un rejet, alors qu'en fin de compte, je retiens tout. Je veux dire par là que j'examine la question pour la comprendre (du latin comprehendere : saisir, embrasser) par moi-même, et non parce que c'est comme ça, point trait. En résumé, je veux savoir ce que je crois. Cela a déjà été dit : credo ut intellegam, intellego ut credam (ou l'inverse, l'ordre des facteurs ne modifiant pas le résultat !)
Cette quête ne va pas sans confrontation, déjà au sein même de mon Église ou les interprétations de l'Écriture peuvent diverger. Je trouve cependant bien plus enrichissante la confrontation avec des croyants d'autres confessions, dont le point de vue m'ouvre des perspectives parfois inattendues sur mon propre horizon (ça suit, là, la métaphore ? :-)). D'aucuns, me voyant manier des concepts hérétiques en concluent trop vite que je les fais miens, et me menacent de la colère de Dieu (rien que ça !). Soyons clairs : je ne professe aucune hérésie, je reconnais l'Immaculée Conception (celui-là, il m'a donné du mal, fillette, je trouvais que Marie était rien qu'une sale tricheuse ! ce qui est d'ailleurs la raison pour laquelle Byzance rejette ce dogme...), par contre je ne vois pas comment ayant admis que Dieu a fait le Ciel et la Terre (mince de boulot tout de même), il ne pourrait pas faire avec une femme ce qu'un simple mortel, Jean Rostand, a réussi avec des grenouilles ! Dieu est Dieu, nom de Dieu, disait feu Maurice Clavel ! -probablement d'ailleurs à propos d'autre chose... Je cite là deux questions qui excitent beaucoup nos contemporains, je me demande bien pourquoi, vu que Marie n'est pas le poto-mitan de la foi ! (Poto-mitan, mot créole signifiant pilier central, principal support.) Donc, je ne professe aucune hérésie (enfin, j'espère...), mais je ne permets pas de menacer de l'enfer ceux qui ne pensent pas comme moi. Je trouve même qu'ils me rendent un immense service en m'obligeant à refléchir à ces questions, à clarifier ma pensée, à me documenter, à repenser ma foi, qui n'est jamais un acquis définitif mais un chemin à parcourir.
Bref, les hérétiques me font progresser dans la foi, ils sont les intruments de la Grâce, et on n'envoie pas en enfer les instruments de la Grâce.
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