P comme.....

  
RouahAccueil
La Casse de l'Imprimeur
Plan du site

Primauté de Pierre ?
Pourquoi cela ?

l'introduction
les textes
le commentaire
S'informer
 

 

Voici, d'abord, ce qu'en disent les trois autres évangiles, puis ce qu'en dit Matthieu :
Dans Luc 9:18-22
TOB 1973
20: Il leur dit :"Et vous, qui dîtes-vous que je suis ?" Pierre prenant la parole, répondit : "Le Christ de Dieu." Et lui, avec sévérité, leur ordonna de ne le dire à personne.
Dans Marc 8:27-29
TOB 1973
Il leur demandait :"Et vous, qui dîtes vous que je suis ?" Prenant la parole, Pierre lui répond : "Tu es le Christ". Et il leur commanda sévèrement de ne parler de lui à personne.
Dans Jean 6-67
TOB 1973
"Jésus dit alors aux douze : "Voulez vous partir vous aussi ? Simon Pierre répondit:  "Seigneur où irons-nous ? tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le saint de Dieu." Jésus répondit : n'est-ce pas moi qui vous ai choisis les Douze ? et l'un d'entre vous est un démon."
dans Matthieu 16:13-22
(Bible de Jérusalem DDB 1991)
...Jésus en Césarée avec les disciples, leur demande : au dire des gens, qui est le fils de l'homme ?
(....)
"Simon Pierre répondit : tu es le Christ, le fils du Dieu vivant.. En réponse, Jésus lui dit : "tu es heureux Simon fils de Jonas car cette révélation t'est venue, non de la chair et du sang, mais de mon pére qui est dans les cieux. Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirais mon église et les portes de l'Hades ne tiendront pas contre elle.
Je te donnerais les clefs du royaume des cieux : quoi que tu lies sur la terre, il sera tenu dans les cieux pour lié, quoique tu délie sur terre, il sera tenu dans les cieux pour délié. Alors il ordonna aux disciples de ne rien dire à personne."

 

Quel que soit le forum, il se trouve toujours un instant t où un romain explique à un parpaillot que s'il était fûté, il aurait repéré depuis longtemps deux petits versets dans le Nouveau Testament qui fondent le pouvoir papal, et il se rendrait à l'évidence : "rentrer au bercail romain" Le problème c'est que tout le boulot de l'historien consiste à interpréter les sources, et que les interprétations sont largement conditionnées par les présupposés conscients ou non des-dits scientifiques. De par ma pratique de la chose, je reste impressionnée par la diversité des éclairages dans lesquels peut baigner un texte.
D'une façon générale, cela agace.Je ne crois pas que le grec apporte ici un éclairage décisif. Je n'ai pas non plus la moindre idée de pourquoi ce texte se trouve dans Matthieu et pas dans les autres (n'ayant pour ainsi dire jamais fait de critique textuelle du Nouveau Testament.), sauf peut-être une chose : la communauté matthéenne est judéo-chrétienne et désire peut-être se rattacher particulièrement à la figure de Pierre (qui est clairement l'apôtre des Juifs, malgré l'épisode avec Corneille en Actes 10), à la fois pour des questions de prééminence par rapport aux autres communautés (nous sommes les plus anciens, les héritiers de Pierre etc) et pour des raisons d'identité (de même que Pierre continue à pratiquer le judaïsme quand il est en Palestine - alors qu'en diaspora tout cela devient problématique, cf. la controverse avec Paul en Galates 2 - de même la communauté matthéenne continuait peut-être à pratiquer certaines mitsvot (commandements), etc).
Bien sûr, il n'est pas génant que certains continuent de croire que Yeshwa ben Yossi qu'on nomme souvent le Christ, était catholique et disait la messe en latin, à l'occasion, le dos tourné aux fidèles.
Cela m'agace surtout d'entendre toujours la même explication sui generis que l'intervenant n'a même pas trouvée lui-même, mais apprise. Cela m'agace d'autant que, la plupart de ceux qui utilisent cet argument dans les forums sont tout étonnés, voire soupçonneux quand on leur dit que ces deux versets ne sont que dans Matthieu. Cette absence dans les autres récits ne les a jamais interrogés.
Même un auteur aussi populaire en milieux catholiques que Claude Tresmontant, dans son "Christ Hebreu" (écrit en 1983 et publié en 1994, chez F-X DE GUIBERT) aussi fouilleur de langue d'origine, quelle soit grecque ou hébraïque, ne s'attarde pas sur ce texte dit "de la mission de Pierre" alors qu'il en épluche (op. cit. p.84) les versets amont et aval à la recherche d'hébraïsmes. Dans son chapitre "le problème synoptique" (op. cit. p.148), dans lequel il recense les passages "manquants ou modifiés" de l'un à l'autre témoignage, il n'en dit pas un mot alors qu'il s'attarde sur le verset 16:22 (op.cit., nombreuses références) et que plusieurs pages s'attardent sur l'expression "Fils de....." dont il souligne qu'elle signifie rarement, dans le contexte de la Première comme de la Seconde Alliance, quelque chose ayant trait à l'engendrement.Après la question "pourquoi cette insistance sur la figure de Pierre chez Matthieu ?", il y a la question de la signification de la phrase de Jésus, source pour nous de controverse avec les catholiques. Personnellement j'interprète l'épisode comme suit : il s'agit d'une reconnaissance mutuelle entre Jésus et Simon, qui va beaucoup plus loin que les deux bonshommes en questions, car elle signifie-représente la reconnaissance mutuelle de Dieu et l'homme (tout homme). Dans la tradition biblique et juive, le fait de nommer revêt une importance fondamentale ; nommer, c'est aussi avoir une certaine autorité sur (cf l'épisode de la Genèse où Dieu donne à Adam de nommer les animaux ; cf; l'interdiction de prononcer le nom de Dieu dans le judaïsme - car on ne prend pas autorité sur Dieu).
D'un autre côté, je suis frappée par le fait que dans les trois autres textes relatant la profession de foi de Simon, l'injonction de ne rien dire est "sévèrement" rapprochée de ladite profession de foi tandis que dans Matthieu, cette exhortation semble banalisée. Dans Jean, la profession de foi est rapportée comme l'expression d'une pensée collective, en des termes assez différents de ceux rapportés dans Matthieu, ouvrant là quelques belles perspectives christologiques.(*) Donc ce qui se joue dans notre texte est fondamental : en Jésus Dieu se laisse nommer (et c'est tellement grave qu'effectivement les hommes "mettent la main" sur Dieu et le crucifie, littéralement) ; Simon désignant Jésus comme le Christ et Fils de Dieu (à l'invitation de Jésus lui-même : qui dites-vous que je suis ?) révèle la situation paradoxale de l'homme soudain invité à "dire" Dieu, avant même que Dieu ait "dit" l'homme. Dieu aurait-il la politesse des rois ? Mais le plus frappant dans ce texte c'est la réciprocité de l'action ; Simon a "dit", désigné Jésus comme Christ, et immédiatement Jésus répond en désignant Simon comme "Pierre" (c'est-à-dire pierre, caillou quoi !).
On conteste aujourd'hui et déjà lors de la parution du livre, sa théorie de la datation de la rédaction des éléments composant le corpus du Nouveau Testament. Le bouquin milite pour une antériorité du témoignage "selon Matthieu" et il ne dit rien de cet hapax qui le rend si original.En renommant Simon (et la chose revêt un caractère explicitement solennel comme l'indique la déclinaison de toute son identité : "Simon fils de Jonas"), Jésus ouvre à Simon le chemin de sa plus profonde identité ou vocation d'homme : être une pierre vivante dans un édifice spirituel qu'il s'agit de construire. L'image se trouve aussi chez Paul, adressée à toute la communauté. C'est pourquoi je ne peux pas comprendre la figure de Pierre dans ce texte de Matthieu autrement que comme la figure exemplaire, le type même de l'homme ou de la femme recevant de Dieu la vocation de leur existence en tant que "pierres spirituelles", avec toutes les conséquences qui en découlent (autorité spirituelle - tu lieras et tu délieras - c'est-à-dire responsabilité quant au devenir du monde, ou plutôt co-responsabilité dans la création-rédemption du monde). Bref, à méditer, mais ramener tout cela au Pape me semble complètement simpliste et réducteur.
Arrivée à ce point de mes méditations, je me trouvais en flagrant délit d'inculture. J'ai donc interrogé une historienne professionnelle.
Le MulotKatell Bertherot

 

S'informer
 
Ekklesia, où le grec apporte un éclairage décisif. :-)
Marie
(*)perspectives christologiques
Pour débuter, un petit livre de John COBB "Thomas pris de doute" chez VAN DIEREN, ed.,, Paris 1999 traduit en français par Pierre-Yves RUFF assisté de Catherine LEGUEN
Katell BERTHEROT
 
notice bio
Le Mulot
 
notice bio

 

Comme Plan du site

 
Perdu(e) ?.
Voici le plan du site.

Primauté de Pierre ?


Mots dire