R comme ..... | |
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Troublantes rencontres |
J'apprécie la liberté de ton du Pharisien Libéré et il me plaît d'y donner mon point de vue, puisqu'on me le suggère, sur le mythe de l'unité de l'église catholique. Que veut dire cette question ?? Pour ma part je l'entends ainsi : le mythe de l'uniformité, de la similitude de pensée et de pratiques, de l'église catholique. Je réponds tout de suite : C'est vraiment un mythe, et tant mieux !
Mais d'abord, qui suis-je ? Actuellement retraité, j'ai eu une vie très remplie tant sur le plan professionnel, à la direction générale de Bayard Presse, que sur celui des activités bénévoles, notamment : l'animation de groupes sur l'intériorité, la prière, l'exégèse...... Avec ma femme, nous avons toujours fait partie activement de l'église catholique romaine (*) et avons eu la chance de rencontrer de très nombreux prêtres et laïcs ..... Je ne parle pas des autres dans ce texte, mais, heureusement, nos contacts avec les autres confessions chrétiennes et avec ce qu'on nomme l'athéisme, ont été très nombreux et fort profitables, en tous cas pour ma femme et moi... Par ailleurs, suis-je un Pharisien Libéré ?... ce serait trop beau ! Disons que j'ai en moi du pharisianisme et que je suis en cours de libération ...
Ce qui me frappe le plus, dans l'église romaine, c'est, surtout depuis une vingtaine d¹années, la très grande diversité et la grande liberté de tous ceux (sans exagérer, des milliers) que nous avons fréquentés, avec qui nous avons échangé personnellement. Cette réalité coexiste avec une tendance de plus en plus marquée à, disons la rigueur et l'alignement, dans le discours officiel du Vatican, mais ce discours ne rend pas compte d¹une réalité de plus en plus diverse que les instances romaines cherchent sans doute à cacher... à moins qu'il ne s'agisse de la méthode Coué.
Je me méfie des étiquettes, mais, s'il faut dire vite au prix de la caricature, je dirais que, dans ceux qui se réfèrent à une forme d'appartenance à l'église catholique romaine, (clergé ou laïcs) on trouve, certes des intégristes, traditionalistes, charismatiques, etc ... (tous courants dans lesquels je ne me situe pas.) Mais, j'y trouve surtout des gens de bonne volonté qui savent relativiser les discours officiels, qui font ce qu'ils peuvent pour se guider d¹après leur conscience afin de tendre peu à peu vers une meilleure pratique des orientations initiées par Jésus de Nazareth ....
Ce courant, qui n'en est pas un à proprement parler, mais que je crois le plus nombreux, représente la majorité silencieuse de celles et ceux qui, entre autre, ont espérés beaucoup du concile Vatican II, attendant sans doute trop de la réforme des institutions de l'église romaine et qui, déçus, sont enclins à prendre de plus en plus de distance avec les formes institutionnelles, sans abandonner pour autant une recherche spirituelle centrée sur la Bonne Nouvelle
Que deviendront-ils, que deviendrons-nous, si la crispation continue au sommet en des discours déconnectés de la réalité ? Beaucoup d'évêques en sont conscients, seront-ils écoutés ? C'est d'ailleurs cette réalité que l'on retrouve prise en compte dans l'attitude, ces dernières semaines, de la majorité des évêques allemands à propos des certificats délivrés aux femmes souhaitant avorter.
Le Père Chenu, théologien dominicain, qui avait été expert au concile Vatican 2, disait, il y a une vingtaine d'années :
Ma foi est celle de l'Eglise, du Peuple de Dieu ; j'estime m'être approprié trente à quarante pour cent de cette foi. Ainsi s'articulent en moi la communion et la personnalisation
Je me retrouve bien dans cette démarche, même si mon pourcentage personnel est peut être inférieur à 30 % !!!
Je n'ai nullement l'intention de quitter "mon" église dont je connais , de l'intérieur, les défauts ET les qualités, mais c'est lui faire honneur que de dire sans complexe ce que je lui reproche car je constate combien certaines attitudes font obstacles à l'annonce de la Bonne Nouvelle et de cela je souffre.
(*) si j'emploie cette expression, c'est pour ne pas oublier que l'Eglise (avec une majuscule) a, selon moi, une vocation évidente à être catholique, c'est à dire. universelle, tout en tenant compte des diversités fondamentales ; le mot catholique, ne peut donc être l'apanage d'une église. Je fais la même remarque pour les mots orthodoxie ou église réformée. Toute église essaie d'avoir un enseignement droit et tente de se réformer ..... comme elle tente d'avoir vocation à la catholicité !!!
Claude Bourçois
Editions Bayard, Le livre chez Bayard Presse.
