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Le Libéral et le Tradi

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Quel que soit l'orthodoxe doctrinaire, les éléments qui lui servent d'arguments sont les mêmes :
  • Une confession de foi normative,
  • Une autorité de référence,
  • Un corps intermédiaire de clercs,
  • Un projet de contrôle plus ou moins cohérent du comportement de ses membres,
  • Une argumentation du type citadelle assiégée,
  • Un jugement final.
  • 1. Une confession de foi normative

    Une liste d'items enferme Dieu dans des définitions. Les éléments en sont formulés dans un langage suffisamment complexe (Patois de Canaan, Koine, Langue de Buis). Ainsi proposée au vulgum pecus, on en arrive à une formulation mythologique, sédimentée, fossilisée un en dogme qui doit être reçu ne varietur.
    Prétendant ainsi avoir défini Dieu, le clerc, quelle que soit l'institution dont il se revendique, met le peuple en demeure "d'y adhérer sous peine"... de ne pas être membre, c'est-à-dire d'être orphelin, ou "d'autres peines appropriées", pour reprendre l'expression popularisée par un motu proprio devenu célèbre.
    Quand il fait pédagogue, le clerc développe et démontre parfois, à l'aide d'arguments à usage interne, par exemple :
    "la mère de Jésus - je crois bien qu'elle était vierge quand elle a conçu Jésus, non ?"
    Ce type d'argument serait probant devant un public convaincu, mais l'orateur néglige que le public auquel il s'adresse n'est pas forcément son habituel auditoire dont l'esprit critique est moulé par une longue habitude :
    - soit cela ne lui pose aucun problème : cette question lui est étrangère, et l'argument tombe comme un cheveu sur la soupe ;
    - soit, si le public appartient à la mouvance chrétienne, l'argument lui est familier mais cela ne lui pose aucun problème ; cela n'ajoute ou ne retire rien au message du Maître de l'Évangile qu'elle le soit ou non.
    Si la foi ne consiste qu'à croire qu'un dieu est né d'une vierge et qu'il est mort et ressuscité, on peut se demander quelle est la spécificité du message de l'Évangile en regard des autres mythologies concurrentes nées vers la même époque, dans la même région du monde et même au-delà. Si la foi se résume en une collection de croyances, auxquelles on adhère ou non, on a, en effet, vite "fait le tour" de ce Dieu-là, dont la transcendance résiderait en l'aptitude à réaliser des tours d'illusionniste.

    2. Une autorité de référence

    Dans le catholicisme, pour se limiter aux christianismes, on tombe facilement dans "le pape a dit ; le pape a écrit ; le magistère rapporte ; la tradition nous enseigne..." et de scanner des pages d'encycliques, toutes datant d'avant 1900... et depuis que s'est-il passé sous le regard de Dieu ?
    Dans le protestantisme, si le langage est différent, le mouvement de pensée est le même : "L'autorité des écritures ; l'inhérence/inérrance de la Bible ; les réformateurs ; l'interprétation constante"... négligeant que la Bible comporte autant de versets sataniques que de versets d'espérance, que les Réformateurs se complètent ou se contredisent parfois dans la seule évolution de leur propre pensée. Ainsi s'institue une tradition qui supplante l'Écriture. L'autorité des Écritures, si je ne me trompe, est une doctrine apparue en même temps que l'infaillibilité pontificale, pour lui faire pièce ou pour lui faire pendant..... Si quelqu'un veut bien me donner la date de l'événement, il est bien possible que je me souvienne de la date de l'infaillibilité de l'autorité des Écritures.
    On tombe vite dans le piège "La Bible est dictée par Dieu d'un seul tenant ; le Coran est inspiré par Dieu, les hommes qui tiennent le calame représentent peanuts dans la transcription de la Parole"... Pardon, je me trompe : c'est le Coran qui est dicté par Dieu d'un seul tenant et sans rature, tandis que pour la Bible, les hommes témoignent et rapportent que Dieu les appelle. Il existe, pour cette bibliothèque, une exégèse scientifique confessionnelle et non confessionnelle.

    3. Un corps intermédiaire de clercs

    Toutefois je m'étonne que certaines parties soient interprétables par le vulgum pecus et certaines autres non, le tri étant assumé par les théologiens. On voit ainsi se réinstaller un corps intermédiaire (mollah, prêtre, pasteur) destiné à ne pas laisser errer le peuple non-instruit. Les fondamentalistes chrétiens aiment bien Thomas d'Aquin, un gars que j'ai longtemps pris pour l'inventeur d'un antiseptique homonyme, et négligent qu'il disait quelque chose du genre de ce qui suit et que je cite "à la louche", parce que je ne tiens pas cette assertion de première main :
    "La révélation se propose à chaque fidèle à la mesure de ses moyens de connaissances".
    La position traditionaliste est tenable dans un monde où seuls quelques clercs détiennent le savoir, c'est-à-dire le pouvoir. Dans un monde où se diffuse et croît le niveau moyen de culture, elle manifeste seulement une nostalgie théocratique.
    Ainsi se récrée sous nos yeux un petit quarteron d'intermédiaires qui détiendrait le monopole de la parole sur Dieu. "Nous aussi on a des diplômes en théologie" lance notre clerc. J'en suis bien aise pour lui. Je n'en ai aucun. Il m'est arrivé de le regretter, mais je ne supporterais pas qu'un quidam, au prétexte qu'il a une ou plusieurs peaux d'âne, m'interdise de penser ma foi et de l'éclairer des lumières que je me sens fondée à choisir... Pour le fondamentaliste, "réfléchir, c'est déjà désobéir." Qui peut prétendre encadrer une conscience ?

    4. Un projet de contrôle du comportement plus ou moins cohérent

    Les moyens sont divers pour garder le pouvoir qui cherche à s'établir sur les comportements et sur les consciences, comme pour s'éviter de poser la question : "Qu'est-ce que l'homme et qu'est-ce qu'on fait ici ?"
    Les chercheurs élaborent des réponses à tout cela : un ensemble d'organes qui ne fonctionnent qu'ensemble, la réaction en chaîne de quelques acides aminés. Plus je vieillis et plus les réponses montent en complexité. Sans doute, sans doute...
    A la question "Qu'est-ce que l'homme ?" le petit catéchisme traditionaliste que j'ai fréquenté, étant enfant, répondait en une phrase simple : "L'homme est composé d'une âme et d'un corps"... Mais l'âme, on a un peu de mal à mettre le doigt dessus et je préfère me déclarer "fille de mes rencontres", seules chances d'accroître mon humanité.
    De même qu'il est expert à dire ce qu'est l'homme, ce qu'est Dieu, le traditionaliste aime à préciser leurs positions relatives. De là, il en tire le bon comportement "aux yeux de Dieu"... et les prescriptions tombent comme giboulées en mars auxquelles il faut obéir. Obéir ? Oserai-je constater qu'elles s'attardent un peu souvent sur le sort des femmes et rarement en faveur de leur liberté de mouvement ? Depuis les prescriptions sur leurs cheveux qui font le tour de la Méditerranée... J'en vois qui se gaussent de ces attardés de musulmans qui voilent leurs femmes pour leur épargner d'être objet de tentation pour les hommes... ou pour leur épargner d'être des visages ou d'être sujets, tout simplement. J'en vois qui oublient que leur mère dans les années cinquante, une bien honnête femme, ne serait pas sortie sans chapeau, au moins sans foulard. Jusqu'aux prescriptions concernant leur plaisir : il en est de plus cruelles et plus définitives que celle de déclarer "qu'une femme honnête n'en a pas". Prescriptions en tout genre s'attardent à décrire la longueur de la barbe, des mèches de cheveux, de la jupe, ou la méthode par laquelle on ne choisira pas le nombre de ses enfants. On légifère et l'on s'insurge si l'État laïque discerne en un sens différent.
    Certains interdisent l'école aux filles, d'autres la pose d'antennes paraboliques sur le toit des maisons qui véhiculerait une culture étrangère tant on craint que le fidèle ne s'émancipe et ne s'instruise dans la concurrence. Si l'on a déjà évoqué le jargon, on peut aussi parler du discrédit jeté sur l'information qui sert à bâtir la connaissance.
    Plus sournoise est la mise en garde contre la raison, outil du sens critique :
    "Quant aux résultats de la critique, permettez-moi d'émettre certaines réserves à leur égard. Non pas que je n'en vois pas l'utilité. Mais il est incontestable qu'il y a là beaucoup d'affabulations et que les faits vraiment attestés et incontournables sont plutôt rares - en particulier pour tout ce qui touche aux théories de la formation des textes, ou de leur rédaction (École des Formes, histoire de la rédaction, etc.). Qui plus est, la méthode dite "historico-critique " qu'ont prônée et prônent encore aujourd'hui il est vrai, bon nombre d'exégètes protestants - à commencer par Bultmann et ses disciples -, et - hélas !-, de plus en plus de théologiens catholiques - surtout depuis Vatican II -, est loin de faire l'unanimité, et est même largement contestée dans bien des milieux."

    (lu dans un forum)
    Au nom de quoi critique-t-on ce qu'on peut appeler "l'exégèse moderne", pour parler vite ? Elle génère des incertitudes. Quelle angoisse pour le traditionalisme, comme pour le fondamentalisme, toujours en quête de certitudes. Dieu dans leurs discours est si vite fini, si vite connu...
    Quel autre argument contre la méthode historico-critique ?
    "En effet, il apparaît qu'une telle méthode ne rend pas justice au caractère sacré et révélationnel de l'Écriture Sainte, à son statut unique comme Parole inspirée de Dieu, revêtue d'une autorité canonique pour tous les temps, car procédant de Dieu même - doctrine de l'inspiration et de l'inerrance de la Bible. Les motifs de bases rationalistes et anthropocentriques, issus du criticisme cartésien et kantien, de la dite Méthode sont, de toute évidence, étrangers à la Foi chrétienne historique. Il résulte de là que beaucoup de "faits acquis" ne le sont que pour ceux qui acceptent l'idéologie Kantienne, Hégélienne ou Comtiste"
    (lu dans un forum).
    Là, je rêve. La méthode scientifique n'est pas valable parce qu'elle est basée sur la raison cartésienne. Si je suis prête à admettre que nous ne recevons de la réalité qu'une image, polluée par notre subjectivité personnelle, j'aurais bien du mal à recevoir que diverses subjectivités, issues de divers points de vue, parvenant au même résultat ne sont pas plus proches de la réalité qu'une seule. Or, que nous propose le clerc ? Ni plus ni moins que réserver l'examen de ses thèses à ceux qu'il a déjà convaincus. En résumé, on se trouve dans le cas de figure suivant : on envoie libéralement des anthropologues, ethnologues et sociologues étudier civilisations, cultures et religions des autres peuples, généralement colonisés ou tiers-mondisé... Dans ce cas, les études et résultats sont légitimes. Mais il est illégitime d'appliquer les mêmes méthodes à nos propres mythes et croyances de crainte qu'on ne se rende compte que ce sont aussi bien des mythes et croyances quoique ce soient les nôtres. Tous les peuples pensent que leurs écritures ou leurs récits fondateurs sont inspirés par Dieu. On touche aux Dieux des autres, mais toucher au Dieu des chrétiens, c'est illégitime. Et pourquoi cela ?
    On est donc dans le cas de figure où pour discréditer l'esprit critique, on attribue des "-ismes" à ses propos, comme me soufflait un lecteur de Schopenhauer... Les autres philosophies que celle prônée par le traditionaliste sont disqualifiées au simple motif que leur regard est différent du sien. Je croyais la tolérance une vertu inspirée par le protestantisme..... Dans idéologie, il surnage clairement quelque relent de mépris. Je tiens pour idéologie, quant à moi, un système de pensée qui interdit de regarder les autres systèmes autrement qu'avec mépris ou condescendance.
    D'un côté, je comprends l'objection : Si la foi est un catalogue tel que défini au point 1, il est vrai qu'elle a tout à craindre de l'intelligence. Mais la Foi est bien autre chose. C'est l'appel de Dieu qui vient, lui répond la palpitation de la vie ; il demande l'attention qu'on porte à la casserole de lait posée sur le feu et non une simple litanie qui ne dure que 10 minutes.
    "Moi, je" n'est possible que dans une rencontre. La rencontre avec Dieu proposée par le doctrinaire ressemble à la préparation du concours de Polytechnique dont chacun sait qu'il sert à exclure du salut plutôt qu'à rassembler. Pour autant, le même interlocuteur, qui se plaît à multiplier les articles de doctrine, appellera à l'unité doctrinale, agitant la nostalgie d'un paradis perdu.
    Dans ce propos du traditionalisme, il y a glissement ; ce n'est plus l'Écriture qui jouit d'un caractère inspiré mais la théologie qui prétend l'expliquer, l'institution qui la détient. Le déplacement du sacré de l'écriture à la tradition, puis à l'institution, ne voilà-t-il pas le germe du syndrome de forteresse ?

    5. L'argumentation du type citadelle assiégée

    On tombe dans le subtil car à double détente. Sur une face, on a : "Si vous ne croyez pas à ma version, avez-vous encore la foi ?" Outre que, dans mon idée, la Foi n'est pas quelque chose qu'on possède mais quelque chose qu'on vit, on voit poindre l'argumentation Chalcédoine qu'aiment à défendre certains autres fondamentalistes....
    "Lorsqu'on ne croit pas à la divinité du Christ, lorsqu'on ne croit pas à sa résurrection "physique et historique", lorsqu'on croit que le Christ était un simple prophète, comme tant d'autres, lorsqu'on ne croit pas qu'un prophète est inspiré par Dieu, lorsqu'on croit que tout homme est prophète, peut-on encore se dire "chrétien ; peut-on même se dire encore "croyant" lorsqu'on refuse toute idée d'intervention divine".
    (lu sur un forum)
    Il ne s'agit pas tant de témoigner de la promesse de salut que porte la parole de Jésus, qu'on nomme souvent le Christ, que de déterminer qui est chrétien et qui ne l'est pas. Cette démarche est compréhensible à l'époque de Chalcédoine où la chrétienté est entourée de barbares.
    Mais justement, la chrétienté d'aujourd'hui n'est elle pas entourée de barbares ? On a toute possibilité de préférer les théologiens du XVIIe ou du XVIIIe siècle... Moi, j'ai un goût certain pour les philosophes dits des Lumières : je prends le métro à Montaigne, je change à Montesquieu et je descends à Voltaire ; parfois, je pousse jusqu'à Tocqueville. Toutefois, l'insistant reproche fait à "tous ces nouveaux théologiens historico-critiques, libéraux, genre theolib" (comme on dit genre zazou) et leurs inspirateurs qu'on nomme "philosophes apostats" mène à se demander si là ne sont pas les nouveaux barbares. A ceux-là, on adresse la citation de Péguy :
    "Vous n'entrez chez nous, Messieurs les nouveaux théologiens, que pour nous trahir. Vous n'entrez dans notre maison que pour nous vendre. Je dis que les vérités de foi que vous reniez, vous les reniez parce que vous en avez honte. Et les vérités de foi que vous gardez encore, vous en avez honte (...) Messieurs les nouveaux théologiens, vous voulez nous faire un christianisme honteux, une chrétienté honteuse, qui aurait honte de soi, honte de Dieu (...) L'Eglise est une, Messieurs les nouveaux théologiens, identique à soi, la même à soi-même, historiquement une, chronologiquement une, temporellement éternelle. La foi est une. Il faut que vous renonciez à cette idée qu'il y aurait eu un christianisme, une communion, une chrétienté, une foi, une Église d'imbéciles, et qu'ensuite, et qu'aujourd'hui, il n'y aurait plus qu'une chrétienté honteuse de gens extrêmement intelligents comme vous. Il faudra que Messieurs les nouveaux Théologiens se fassent à cette idée que nous sommes bêtes une fois pour toutes. Que nous sommes aussi bêtes que saint Jean Chrysostome."
    Nous voici rendus sur la face B du disque. L'argumentation alternative traditionaliste consiste à crier à l'intolérance de son interlocuteur libéral. "Tu ridiculises mes croyances" entend-on... D'accord, Péguy parle d'une "Église d'imbéciles, et qu'ensuite, et qu'aujourd'hui, il n'y aurait plus qu'une chrétienté honteuse de gens extrêmement intelligents comme vous", cela vous a un autre souffle polémique. Pour autant, au fond, l'idée est la même. Péguy s'exprimait au moment ou peu après qu'on venait d'instaurer l'école gratuite. Les politiciens de son époque tonnaient contre elle. L'un, Thiers, disait : "Je ne veux pas de l'école gratuite, car l'instruction est un commencement de privilège et les privilèges ne sont pas réservés à tout le monde". Il tonnait contre Jules Ferry qui, si je ne me trompe, était entouré d'un milieu protestant libéral... Oui, le lycée pour les filles et l'accès au bachot, c'est l'oeuvre de Ferdinand Buisson, qui fut pasteur libéral avant d'être ministre de l'éducation. Aujourd'hui, le traditionaliste craint toujours la concurrence de la laïcité et préfère accuser son interlocuteur de ridiculiser ses croyances ou encore de pratiquer un christianisme dont il aurait honte... On passe tout près de l'attaque ad hominem, chère à d'autres fondamentalistes rencontrés ici ou là.
    Le libéral a une autre conception de la Foi : il la veut vive et en mouvement et non assise sur un "fatras"... C'est un mot de Calvin qui décrivait ainsi le symbole d'Athanase qu'on le pressait de signer... Tiens, on ne voit jamais cela dans les textes de Calvin présentés par le clerc.
    Le christianisme en danger ? Pensez vous ! Quand je lis la citation de Péguy, je m'interroge sur sur le fond du message. "Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres (....) si vous avez de l'amour les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples"... Je me demande bien où j'ai lu cela, moi ? Encore faut-il s'aimer soi-même et se mettre en chemin. En écho, j'entends la fraternité inscrite aux frontons de notre République ; elle aussi tombe un peu en désuétude... Demandez donc à tous ceux qui s'écartent peu ou prou de la norme.

    6. Le jugement final

    Il y a chez le clerc, aboutissement de tout, le désir d'évaluer l'interlocuteur. Ainsi nous revient régulièrement la question : "Avez-vous encore la foi ?" J'aime cette question chez le clerc traditionaliste. Je reconnais, j'entends le souci qui l'anime, celui de tout chargé d'âmes, à ce point qu'il la pose indistinctement à ceux de sa dénomination comme à ceux d'autres confessions.
    Posée à un catholique romain, je lui suggère de laisser celui-ci en discuter avec son confesseur, son directeur de conscience, je ne sais comme il l'appelle, son curé quoi ! Il est probable que cet homme-là a une pratique plus quotidienne de la façon dont cela doit se passer chez un catholique romain.
    En ce qui me concerne, je suis de ceux et celles qui considèrent que Dieu est autre chose que ce qu'on en dit... "Altérité", dirait un gars que j'aime bien. Il m'avait fallu des années pour élaborer cette conception d'une différence qui n'a rien à voir avec le quantitatif et il me donnait le mot qui la désigne. "Transcendance," disait l'Ancien, au vocabulaire plus classique.
    En conséquence, entre une analyse qui me propose de me mettre en chemin de quête et une certitude qu'on est bien incapable de prouver que par des arguments à usage interne, je choisis de chercher Dieu dans un projet où, du crissement de l'incertitude, jaillit la lumière. "Je me risque seulement à traduire dans une pensée contemporaine ce qu'une doctrine qui a été chosifiée, triturée et figée peut bien avoir à nous dire d'intéressant aujourd'hui." Cela non plus n'est pas de moi. C'est d'un théologien catholique, catégorie "amateur", le modèle documenté qui n'attend pas la messe de onze heures pour s'y mettre.
    En ce qui me concerne, et pour démêler les errements d'une conscience protestante, je dois admettre que l'autorité du "passeur de Parole" que je consulte ne réside ni dans sa toge, ni dans la collection de diplômes déclarée dans un annuaire ou dans l'ours d'une revue, encore moins dans la longueur d'un titre mais dans sa capacité à être provocateur de pensée, sourcier et non sorcier, défricheur d'horizons. Je ne lui demande jamais ce que je dois croire, mais plutôt comment être plus perméable à la Parole de Dieu, comment contribuer à la construction du Royaume.
    La Foi, dîtes-vous ? Peut-être est-ce ce qu'en dit le traditionaliste ? Peut-être est-ce ce que j'en dis ? "Seul Dieu sonde les reins et les coeurs". Mais, "moi, je" ne croirais jamais en un Dieu qui se laisse enfermer dans une image qu'elle soit taillée de bois, de bronze ou d'or, ou étouffer sous le drapé d'une métaphore.
     
    Le Mulot
    Reprint avec l'autorisation de Theolib
     

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    Le martyrologe de Croyants en Liberté de la Sarthe
    Un article du Monde diplomatique, Drewermann l'imprécateur
    Un autre Du fanatisme identitaire

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    Un monde étrange !
     
    Michel Arseneault, Les nouvelles légions du Pape, Le Monde Diplomatique Décembre 1996
    Auquel est publié une réponse
    Le forum de la Légion se fait passer pour un forum catholique
    Les "bons textes", ceux là qui promeuvent un national catholicisme
    Michel Dufour, Les sectes dans le catholicisme, GOLIAS, juillet-Août 1999
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    Site Réformé confessant
     
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