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La Casse de l'Imprimeur

Manger le fruit

Connaissance
La faute d'È,ve ?
La nostalgie du Bien
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Si j'avais quelque chose à dire sur Genèse 3:1-7, j'insisterais sur l'arbre "de la connaissance du bien et du mal"... et j'articulerais mon sujet de la façon suivante :
  • arbre de la connaissance
  • connaissance du bien et du mal

Connaissance

Souvent les prédicateurs insistent sur le fait que cet arbre est celui de la connaissance. Ils continuent disant qu'il est mauvais pour l'Homme de chercher à savoir....
Ainsi, l'une des dénominations chrétiennes a longtemps interdit la lecture de la Bible à ses fidèles. Il faut admettre que certains passages sont assez peu édifiants. Ainsi, l'un des reproches fait à Luther était de mettre le Livre des Livres à la disposition de tous, même peu instruit, confondant le discernement et le nombre de diplômes, le titre, et toutes ces sortes de choses. Ainsi le mot "crétin" dérive étymogiquement du mot chrétien. Quelques uns se vantent encore de leur inconnaissance, s'appuyant sur un verset des Béatitudes : "Bienheureux les pauvres d'esprit" alors que le mot grec, si je ne me trompe, signifie "mendiant". Cela vous a une toute autre allure :
"Bienheureux les mendiants de l'esprit",
les chercheurs de Dieu, les guetteurs d'aurore, les "chercheurs d'absolu" selon le mot de Théodore Monod. A regarder la Bible de plus près, Que ne pouvons-nous pas connaître ? À part la face de Dieu ?

Ex 3.6

"Je suis, ajouta-t-il, le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage; il n'osait regarder Dieu."
Et si, "voir la Face de Dieu" signifiait symboliquement comprendre exactement l' Essence et la Volonté de Dieu ? L' impossibilité de voir Dieu face à face sans mourir, (en fait sans être mort..) est une conséquence du fait que notre intelligence humaine est incapable d'appréhender Dieu dans sa totalité.

Ex 33.11

"Le Seigneur s'entretenait avec Moïse, face à face, comme un homme s'entretient avec son ami."
Ce regard est le privilège de Moïse d'après la Torah. Il signifie une proximité avec Dieu que seul Adam et Ève avaient pu avoir avant le départ du jardin. Moïse est l'exception qui confirme la règle. Un humain ne peut supporter une trop grande proximité avec Dieu. . Il faut de la distance pour pouvoir respirer et exister. Et si, le fait que "Dieu parlait face à face" avec Moïse signifiait symboliquement que Dieu. ne s'entretenait pas avec Moïse au moyen de visions qu'il fallait ensuite interpréter, comme Il le fait avec les autres prophètes bibliques, mais grâce à un message parfaitement clair exactement comme le ferait "un homme avec son prochain" ? C'est ce qu'affirme la Mishnah.

Gn 3, 12.14

L'homme répondit : "La femme que tu as mise auprès de moi, c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé." Dieu dit à la femmeV: "Qu'as-tu fait là ?". La femme répondit : "le serpent m'a trompée et j'ai mangé".
C'est ce que certains machistes appellent la faute de la femme, l'histoire du fruit défendu qui continue de présider à toutes les restrictions de mouvement et de choix quand ils doivent être agis par des femmes. Par exemple, c'est pour leur éviter d'être une occasion de péché pour les hommes que certaines cultures répandues autour de la Méditerrannée, voilent ou rasent les cheveux des femmes.
Enfin, je ferais un sort au verset qui permet au machisme des Églises, dans leur ensemble, de se maintenir. C'est l'interprétation par laquelle Adam, tiré de la boue, cherche déjà à se disculper en rejetant la "Faute" sur l'Autre puisqu'il en est une. Une Autre ? une faute ?
La justification donnée à cette prescription morale est religieuse. On n'en trouve trace que dans la tradition écrite ou orale de chacune qui ne s'interroge jamais sur le regard des hommes. Si les cheveux des femmes témoignent d'une faute passive ou putative des femmes qui sont contraintes à cause des hommes, le texte de Genèse suppose une faute active de la femme qui prend le fruit, en mange et en donne. C'est aussi la faute d'Ève.

la faute d'Ève ?

Selon le second récit de création dans la Genèse, Dieu a créé la femme pour secourir l'homme et lui donner un ersatz de Dieu auprès de celui qui va bientôt devoir quitter le jardin d'Eden...

Gen 2, 18-20

Dieu dit : "Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée."
Cette "aide" se dit en hébreu 'ezer. Ce terme 'ezer n'est pas très fréquent dans les Écritures, il est le plus souvent utilisé pour désigner Dieu qui est l'aide de tel ou tel plus souvent une aide du peuple. Peut-être faut-il comprendre que la femme, terme collectif, est conçue pour aider les hommes, plus que chaque femme doit aider son homme particulier devant l'adversité ou les combats ?
"La faute d'Ève" ne peut-elle être interprétée comme un coup de pouce donné par l'aide-Dieu à l'homme pour qu'il sache quitter la trop grande proximité de Dieu dans le jardin pour affronter la vraie vie où il faut travailler et vivre de l'absence de Dieu. Il advient le jour où il faut quitter la maison des parents pour prendre des risques, accomplir sa responsabilité d'homme ou de femme, dans la relation de l'Homme au Monde, de l'Homme à l'Homme, même s'il est une femme et la rencontre de l'Homme avec Dieu.

La nostalgie du Bien

Dieu donne donc à l'homme son libre arbitre dès l'origine : "Faisons l'Homme plutôt l'humanité à notre image". Dans la Genèse, Dieu considère Lui-même Sa création comme bonne : une fois que la lumière est "bonne", cinq fois "que cela (neutre) était bon", et une fois "que cela était très bon". Bon pour le monde ; très bon quand l'humanité est présente au monde.
Mais qu'est ce qui est "bon" ? le résultat : la création ? le travail de Dieu ? Pour moi, le projet réalisé de Dieu Un Créateur parfait peut faire une création imparfaite ... il suffit de le vouloir.
Remarquons aussi la proximité grammaticale de cette proposition avec la langue hébraïque. Le temps "imparfait" du français peut traduire le temps "inachevé" de l'hébreu qui ne connait justement que les deux "temps" verbaux "achevé" et "inachevé". La création par Dieu ne relève pas du temps achevé, mais de l'inachevé que le français aura du mal à traduire entre le passé, le présent et le futur. La création est "inachevée" pour pouvoir être prise en charge par les humains. Le septième jour, Dieu se retire du monde. D'ailleurs toujours d'après ce texte, nous sommes encore en train de vivre ce septième jour encore inachevé car le récit du 7° jour dans le Genèse ne se termine pas, contrairement au six premiers, par le leitmotiv "il y eu un soir et il y eu un matin". Il l'a voulu ainsi. Ce ne sont pas les humains qui se sont séparés de Dieu, mais Dieu qui s'est séparé du monde. Il faut relire Berechit chapitre 1. Tout le chapître est l'application d'une règle de séparation (jour de la nuit, sec de l'humide, vivant du minéral et humain de la nature) jusqu'à la séparation volontaire de Dieu de la création pour permettre à la création d'exister.
Notre liberté est une condition sine qua non pour que nous puissions parachever la terre humaine ; et il y a du boulot !
Dans cette vision des choses, comment pourrait-il y avoir péché pour quelqu'un qui n'a pas préalablement découvert qu'il était aimé de Dieu. et invité, de ce fait, à vivre d'une certaine manière ?. On ne peut raisonnablement considérer que l'enfant qui naît est porteur d'un quelconque péché par héritage. Dieu s'est retiré de l'incomplétude dans laquelle Il a volontairement laissé le monde. La mort et le mal résulte de cet inachèvement. On nomme "péché originel", en langage traditionnel, cette pulsion de mort, inscrite en nous et dont chacun peut faire l'expérience. C'est de cette pulsion de mort qu'il s'agit d'être libéré pour accéder à la plénitude de la vie. Il eut mieux valu ne pas parler de "péché" originel mais d'entrave, de lien ou de pulsion.
Il est vrai que la vision d'Augustin, l'inventeur de la notion de péché originel, basée sur son expérience personnelle de franc salaud converti, est extrêmement pessimiste, et que cela a marqué la pensée chrétienne. On voit assez bien l'origine dans la conception du destin, de la fatalité reproduite de génération en génération . "Ananke", dit-on du drame des Atrides expiant la démesure de l'ancêtre qui se voulut au delà de toute humanité, en servant à sa table de la chair humaine. Augustin de Bône, notable berbère hellenisé, rumine sa contrition et sa culture grecque lui inspire les mots d'Eschyle. Une interprétation grecque de la "Faute" essentielle, "ubris" du tragique, une conception grecque de la sanction traversant les âges et voici notre christianisme transformé en religion de la culpabilité par "l'interprétation constante" et cependant "canonique", celle qui explique la Bible par la Bible, surtout sans regarder autour.
La culture de référence du commentateur porte son commentaire qui, devenu lui aussi "canonique", le rend sourd au message de l'Amour libérateur contenu dans Jn, dans les Béatitudes. Si nous avons en nous la nostalgie du bien tout en gardant la possibilité de ne pas le faire, il ne nous est pas possible de juger, de séparer le bon grain de l'ivraie et toutes ces sortes de choses. Il n'y a pas de fatalité à pécher, mais une potentialité. Or 'histoire humaine est l'histoire d'une humanité violente et dominatrice, peut-on sérieusement prétendre le contraire ? La doctrine du "péché originel" n'est qu'une construction doctrinale, elle n'invente pas cette pulsion inscrite en l'homme.
Peut-être, le seul péché est-il d'être sourd à la Parole entendue mais rejetée ou refusée ?. Dès lors, il faut remettre cette doctrine à l'endroit : elle n'a pas pour but d'affirmer que l'homme est "corrompu" - ce qui est la lecture pessimiste qu'Augustin fait de Paul,- mais d'affirmer qu'à cet homme, prisonnier de ses pulsions, Dieu ouvre un chemin de libération : C'est donc bien un message d'espoir. Cette conception du péché originel comme une faute ponctuelle, historiquement située, et dont toute l'humanité devrait porter le poids jusqu'à la fin des temps ne tient pas debout. Nous sommes en train d'en revenir. Il existe d'autres approches. Le mal n'est pas inéluctable.
le Pharisien Libéré

 

Le Pharisien Libéré, prête l'ombre de son anonymat à un auteur collectif. Cette fois-ci, Jean Luc DUPAIGNE, Hervé BOULIC et Le Mulot se sont mis au clavier pour interpréter ces quelques mesures de Genèse en un triple concerto pour deux christiannismes en connivence majeure.Et Il les bénit
 

S'informer

  • Genèse
  • L'Autre Parole, site canadien de théologie féministe, en français
  • Diotima, revue américaine proposant, entre autres, des pages de théologie féministe
 

Manger le Fruit


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