| On se passera de références en un premier temps, plus historique. L'objectif de Dieu, dans l'Exode (250 ans, environ) est de constituer un ensemble de tribus éparses en un seul peuple, les hébreux, un peuple Saint qui lui appartienne. Devenu sédentaire, ce peuple, constitué de 12 tribus finira par se répartir le territoire de la Terre promise, sauf pour la Tribu de Lévi qui reçoit le Temple en héritage. |
| Mais avant, cela, encore à l'âge du fer, Dieu se montre très réticent, par la bouche du prophète, à ce que David lui construise une demeure "faite de main d'homme", à l'image des autres rois du temps qui associaient le temple de la divinité à leur propre palais, s'octroyant l'autorité de la dite divinité. |
| Dès cette époque, le Roi garde un peu le statut des Juges : il est chef de guerre, "vicaire" de Dieu mais Dieu demeure le seul Roi véritable en Israël. Les prophètes devront sans cesse se battre contre toutes les déviances possibles, en particulier celles qui accordent plus d'importance au Temple qu'au Peuple. En contre point de Jérusalem et de son Temple, ils mettront en avant la "Jérusalem céleste et le Temple céleste" non faits de main d'homme et dont les réalités terrestres ne sont qu'une image imparfaite. La destruction du temple et l'Exil affermiront cette conscience dans tous le peuple, grâce encore aux prophètes de l'époque ; c'est avec le Peuple que l'Alliance est conclue et c'est en lui que Dieu demeure : il est le vrai Temple de Dieu. |
| Au temps de Jésus, le nouveau Tenple vient d'être achevé par Hérode et sa magnificence a quelque peu effacé l'expérience de l'exil. Les rédacteurs de Mt insistent sur l'autorité que Jésus a sur le Temple, comme sur le sabbat d'ailleurs. Mais Jésus ne prétend pas détruire le Temple, il respecte au contraire et le fréquente assidument. En Jn 2, il affirme que c'est Lui le véritable Temple et en même temps, choisissant Douze Apôtres, il se pose comme celui qui rassemble, en fait, le vrai Peuple de Dieu. |
| Ce qui serait étonnant c'est que Jésus lui-même, comme les rédacteurs des évangiles, n'ait pas une claire conscience d'un thème aussi récurant dans les Ecritures. Que Jésus dise à Pierre qu'il va jouer un rôle fondamentale dans l'Eglise, comparable à celui de la pierre d'angle dans le Temple, n'a rien que de très juif. N'oublions pas que, si la version finale du N.T. est la Koïnè, Jésus, ses disciples parlaient araméen et ne connaissaient l'Ecriture qu'en hébreu. Le texte en koïnè n'est qu'une traduction, finalement, et donc, sans nier toute l'importance d'une exégèse littérale, je pense qu'il faut de toute façon la restituer dans le contexte plus général de l'Ancien Testament. |
| Claude Jeukens s.j. |
