A comme ..... |
![]() |
---|---|
Sources scripturaires de l'antisémitisme chrétien |
Dans un précédent article sur la repentance du 12 mars, Miquel Sunyol avait remarqué la place importante donnée au paragraphe sur l'antisémitisme et annoncé une courte étude sur les racines scripturaires de l'antisémitisme chrétien. La voici ci-dessous.
Evangile selon Matthieu 27, 25Tout le peuple répondit et dit : "Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants !"Evangile de Jean, 18,35Pilate répondit : Alors tu es juif ? Ton propre peuple ET les principaux prêtres t'ont remis entre mes mains. Qu'as-tu fait ?Evangile de Jean, 18,31Alors Pilate leurs dit : Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre loi. Les juifs lui dirent : Il nous est interdit de donner la mort à quiconque.Evangile de Jean, 19,7Pilate leur dit : Prenez-le, vous et crucifiez-le, parce que je n'ai trouvé aucune faute en lui. Les juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, parce qu'il s'est dit lui-même Fils de Dieu.Evangile de Jean, 19,12Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient: Si tu le relâches, tu n'es pas ami de César. Quiconque se fait roi se déclare contre César. |
Note de la Bible Catalane Interconfessionelle Il est fort probable que cette phrase, ait servi de façon erronée à justifier l'antisémitisme.Maintenant, nous savons que les récits evangéliques de la passion et de la mort de Jesus ne peut prétendre être un reportage de "journalisme de rue" (écrit et publié le jour même), non plus que de "journalisme d'investigation" (après un certain temps, on étudie ce qui est reelement arrivé). Comme tout "évangile", il veut être une "proclamation" pour gagner des adeptes à la nouvelle secte (une au milieu de tant d'autres groupes juifs ou d'origine juive qui existaient en ce temps). Deux faits historiques que nous ne pouvons oublier : La guerre des juifs contre Rome (années 66-70)Il était donc nécessaire de dissimuler de quelque manière que Jesus, au temps de l'empereur Tibère, avait été condamné par le gouverneur Ponce Pilate. La responsabilitté de la mort de Jesus passe aux juifs. Je n'irais pas affirmer que les autorités juives, qui étaient pro-romaines, n'eurent aucune responsabilité dans la mort de Jesus. Souvenons-nous que nous parlons d'un pays occupé par la force. Paul avait donné la consigne à suivre : "...ne pas mettre d'obstacles à l'Evangile du Christ" (1Cor 9,12). Et un "obstacle" pour la diffusion de l'Evangile du Christ entre la société greco-romaine de l'empire était le fait incontournable que Jesus avait été exécuté par le gouverneur romain de Judée. C'était un fait qui ne pouvait être nier, mais qui -comme tout fait historique- pouvait être "expliqué" (=manipulé). Le gouverneur romain Ponce Pilate se verrait obligé de condamner Jesus par les pressions des autorités juives. Cette "manipulation" nous la rencontrons déjà dans l'Evangile de Marc. Les autres évangiles le suivent... L'expulsion des chrétiens de la "synagogue" (vers l'année 85)Plus d'informations sur cette expulsion (en espagnol) Mais nous pouvons acuser l'Evangile de Marc d'antisemitisme. Les sentiments antisemites n'aparaissent pas dans la littérature chrétienne avant l'expulsion des chrétiens de la "synagogue". Puis un troisième fait historique :Existaient, déjà en ces temps-là, dans de nombreuses villes de l'empire romain, de forts sentiments d'anti-sémitisme. |
Raymond E. BrownSauf quelques exceptions, le quantrième Evangile utilise "les juifs" pratiquement comme un terme technique pour désigner les autorités religieuses, surtout celles de Jerusalem, qui se montrent hostiles à JesusJuan Mateos, Juan BarretoDesigne genériquement ceux qui adherent activement au régime politico-religieux existant, incluant ceux qui en son sein exercent une autorité quel qu'en soit le genre. Quand le texte leur attribue le pouvoir de prendre des mesures repressives, [le terme] signifie "les dirigeants", ou bien "les autorités". Dans les scènes devant Pilate, on identifie "les grands prêtres" |
Que serait, aujourd'hui et pour nous, "fuir les occasions de péché" ?Nous ne pouvons changer ce qui est écrit. Et, en outre, nous devons avoir le courage de ne pas nous cacher que, malgré des divergences sur quelques points, la teneur de nos textes fondateurs qui, après avoir souffert diverses modifications, furent établis et acceptés, sans atteindre à l'unanimité, par la "grande église". Supprimer de la lecture liturgique le texte de Mt 27, 25 Mais la proclamation actuelle de l'evangile, dans la lecture liturgique, qui doit être "bonne nouvelle" pour les hommes et femmes d'aujourd'hui, doit eviter et supprimer tous ces textes qui, outre que selon de fortes probabilités de ne pas exprimer fidèlement la verité historique, transmettent une forte dose d'antisemitisme (sentiments que, grâce à Dieu, aujourd'hui l'église ne veut plus transmettre à ses fidèles). Changer la phrase répétée de l'Evangile de Jean "Les Juifs" pour las "Autorités juives" Selon quelques bons exégètes, l'auteur de l'Evangile de Jean, utilisant l'expression "Les juifs" (oi` Ioudai/oi veut se referrer aux autorités du peuple juif. |
Miquel Sunyol s.j.
La confession inutile, la version originale, en espagnol, dont ce texte est la deuxième partie. Traduction française par Mulot
Sources scripturaires de l'antisémitisme chrétien